Médicament
Ozempic et muscles : quels sont exactement les effets secondaires de l’antidiabétique amaigrissant ?
Des chercheurs ont découvert que le médicament Ozempic pouvait être lié à une perte de masse maigre ainsi qu'à l'affaiblissement de certains muscles squelettiques.

- Par Sophie Raffin
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- aprott/istock
Et si l’Ozempic, un médicament antidiabétique aussi utilisé comme traitement amaigrissant, faisait perdre du muscle, en plus de la perte de poids ? Cela pourrait être l’un des effets secondaires potentiels du médicament au vu des résultats de plusieurs études menées ces dernières années.
Des chercheurs d’University of Utah Health ont voulu en savoir plus sur ce phénomène. Ils ont découvert que l’Ozempic peut entraîner une perte de masse maigre, souvent considérée comme de la masse musculaire. Par ailleurs, certains muscles sont susceptibles de s’affaiblir, même si leur taille n’a pas changé.
Leurs résultats ont été publiés dans la revue Cell Metabolism, le 5 août 2025.
Ozempic : perte de masse maigre et de force pour certains muscles
Pour comprendre les effets de l’Ozempic sur les muscles, l’équipe a observé des souris obèses traitées avec le médicament. Ils ont constaté que l’amaigrissement induit par le médicament a entraîné une réduction d'environ 10 % de la masse maigre, généralement considérée comme de la masse musculaire. "La majeure partie de cette perte ne provenait pas des muscles squelettiques, mais d'autres tissus comme le foie, dont la taille a diminué de près de moitié", précisent les auteurs dans leur communiqué. Si cette perte est majoritairement liée à une diminution de la taille des organes, certains muscles squelettiques fondaient également à mesure que les souris perdaient du poids : en moyenne, d'environ 6 %. D'autres restaient de même taille.
La perte de masse des organes ou des muscles lors d'un amincissement sain n’est pas forcément inquiétante pour les chercheurs. "Une partie de cette perte de masse musculaire correspond à un retour à la normale, expliquent-ils. Les gains de masse grasse tendent également à entraîner des gains de muscle squelettique, car le corps doit fournir davantage d'efforts pour se déplacer. Ainsi, la perte de masse grasse peut entraîner une perte musculaire sans affecter la qualité de vie globale." Toutefois, ils ont observé un autre phénomène en testant la force musculaire des rongeurs. Pour certains muscles, la force diminuait à mesure que les souris perdaient du poids. Et cela, même lorsque la taille du muscle restait sensiblement la même. Pour d'autres muscles, la force restait inchangée. Or, une diminution potentielle de force peut être particulièrement préoccupante chez les seniors qui présentent un risque initial plus élevé de perte musculaire et de mobilité réduite. "La perte de fonction physique est un indicateur fiable non seulement de la qualité de vie, mais aussi de la longévité", rappelle Dr Katsu Funai, auteur principal de l'étude.
Médicaments amaigrissants et perte musculaires : il faut vérifier les effets sur l’Homme
Si ces résultats sont intéressants, l’équipe met en garde contre toute extrapolation directe à l'Homme. "Les souris et les humains prennent et perdent du poids de manière différente, indiquent les auteurs. Chez l'humain, l'obésité est associée à une activité physique moindre, mais les souris ne tendent pas à devenir moins actives lorsqu'elles prennent du poids. De plus, les souris de cette étude sont devenues obèses en raison d'une alimentation riche en graisses, tandis que l'obésité humaine est due à diverses raisons : la génétique, l'alimentation, les habitudes de sommeil et l'âge." Ainsi, pour les chercheurs, il est essentiel de mener des essais cliniques pour déterminer si les humains peuvent présenter des effets indésirables – notamment concernant la perte de force – similaires aux rongeurs. Il faudrait aussi évaluer l'évolution de la force musculaire pour l'ensemble des traitements amaigrissants, selon eux. "De nombreux autres médicaments amaigrissants sont actuellement en essais cliniques et seront commercialisés dans les trois à cinq prochaines années", explique Dr Funai. "Mais avec tous ces essais cliniques, si l'on souhaite mesurer la perte de masse maigre, il faut tenir compte de la fonction physique."