Déclin de la fertilité

Infertilité masculine : la faute des polluants ?

L’exposition des hommes à certains polluants à des niveaux bien supérieurs au seuil de risque pourrait expliquer l’infertilité.

  • Par Diane Cacciarella
  • Rost-9D/istock
  • 12 Jun 2022
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    Environ un couple sur huit consulte un professionnel de santé pour des difficultés à concevoir un enfant en France, selon l’Inserm. Dans les trois quarts des cas, l’infertilité est d’origine soit masculine, soit féminine, soit elle associe les deux sexes. Pour mieux comprendre l’infertilité masculine, deux chercheurs, Andreas Kortenkamp de l’université Brunel de Londres et Hanne Frederiksen, de l’université de Copenhague, ont travaillé sur le lien entre les polluants du quotidien et la baisse de la qualité du sperme. Leur étude vient d’être publiée dans la revue scientifique Environment International.

    "Neuf substances chimiques contrôlées dans des échantillons d’urine"

    Selon les scientifiques, le mélange de polluants chimiques dans les produits du quotidien pourrait expliquer la baisse de la fertilité masculine. Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs ont analysé "neuf substances chimiques contrôlées conjointement dans des échantillons d’urine de 98 jeunes hommes danois". Ainsi, les auteurs ont trouvé plusieurs substances dangereuses pour la fertilité des hommes. Les bisphénols (A, F, S) tout d’abord, qui sont présents dans la fabrication d’équipements électroniques, d’emballages alimentaires, mais aussi dans le vernis ou la peinture.

    La liste des polluants dangereux

    Les phtalates (DEHP, DnBP, BBzP, DiNP) sont aussi des polluants détectés chez l’homme. Ces substances sont généralement présentes dans les emballages de produits ménagers et alimentaires. Il y avait aussi des dioxines polychlorées, produits présents dans l’alimentation, et du butylparaben, un composant de certains cosmétiques, dans les échantillons d’urine des jeunes hommes. Enfin, dernière substance dangereuse détectée : le paracétamol.

    Selon les auteurs, le niveau médian d’exposition à ces substances est environ vingt fois supérieur au seuil de risque en vigueur. Pour certains produits, il était même 100 fois plus élevé que ce seuil. Pour les auteurs, c’est donc cette sur-exposition aux polluants qui expliquerait la baisse de la fertilité masculine.

    Mais d’autres facteurs peuvent aussi expliquer ce phénomène. Selon l’Inserm, "les anomalies de la spermatogenèse (formation de spermatozoïdes) sont de loin les causes les plus fréquentes d'infertilité masculine. Les anomalies peuvent concerner la quantité ou la qualité des spermatozoïdes". À cela s’ajoutent aussi d’autres éléments, directement liés à l’hygiène de vie, comme le tabagisme, l’alimentation, le stress ou le surpoids.

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    JDF