Intoxication aux métaux lourds : détoxifier en cas de troubles

Publié le 20.02.2017
Mise à jour 07.07.2023
Intoxication aux métaux lourds : détoxifier en cas de troubles
Thomas321/iStock

Les métaux lourds sont omniprésents dans l’environnement. L’exposition à des doses massives crée des intoxications aiguës chez l’homme, mais les risques représentés par l’accumulation de faibles doses (intoxication chronique) dans l’organisme sont encore peu connus.

Intoxication aux métaux lourds : COMPRENDRE

Des mots pour les maux
La « chélation » (prononcer « kélassion ») consiste à introduire dans l’organisme un agent qui s’associe aux toxines ou aux métaux lourds, l’ensemble étant ensuite éliminé dans les urines.

Qu'est-ce qu’un métal lourd ?

Un métal lourd est un élément métallique caractérisé par une masse volumique élevée supérieure à 5 g par cm3. Les métaux lourds sont présents partout dans l’environnement le plus souvent en quantités très faibles.
Certains, comme le fer, le cuivre, le zinc et le nickel, sont indispensables à la vie cellulaire à l’état de traces dans l’organisme humain, mais peuvent devenir néfastes en trop grande quantité.
D’autres, comme le plomb, le mercure, l’aluminium et le cadmium sont non-indispensables à la vie, voire toxiques, même à faible concentration. Tous ces métaux peuvent donc représenter un risque pour la santé.

Quelles sont les causes de l’intoxication aux métaux lourds ?

Les métaux lourds sont des éléments qui sont présents naturellement dans l’environnement à l’état de traces. Ils sont aussi largement utilisés dans l’agriculture et l’industrie. C’est ce dernier mode d’utilisation qui est la cause des intoxications les plus graves car les particules utilisées dans l’industrie et l’agriculture intensive se répandent dans l’atmosphère (dans l'air), puis retombent sur les sols et dans l'eau ou les sédiments. Par conséquent, les plantes, les animaux et les poissons, tous les éléments de l'alimentation humaine, peuvent être contaminés.
Depuis de nombreuses années, des mesures ont été prises pour éliminer ou réduire les sources les plus importantes de contamination par les métaux lourds. Le plomb a été retiré de l’essence, des canalisations d’eau, des peintures et des cosmétiques. Le mercure de certains amalgames dentaires destinés à obturer les caries a été remplacé. Le cadmium contenu dans les boues d’épuration qui servent parfois d’engrais pour les cultures fait aussi l’objet d’une surveillance. Mais il en reste et des quantités très faibles de métaux, dont l’aluminium, entrent dans la composition de certains vaccins et ont été suspectées de contamination.

Quelles sont les sources d’émission des métaux lourds ?

• L’aluminium est un métal naturellement présent dans la nature et les êtres humains y sont donc naturellement exposés. Mais l’aluminium est également utilisé industriellement pour la fabrication de toutes sortes de produits et d’objets. L’aluminium se retrouve naturellement dans l’alimentation humaine et animale, en très faibles quantités, mais celle-ci peut contenir des quantités plus importantes en raison de l’ajout d’additifs alimentaires à base d’aluminium, ou de la contamination par les emballages et ustensiles de cuisine contenant ce métal. L’aluminium peut également se retrouver dans l’eau après son traitement car des sels d’aluminium sont utilisés comme des agents floculants pour éliminer les particules organiques. Il est présent dans les cosmétiques et certains médicaments comme les antiacides et les vaccins.
• Le cadmium est un élément naturellement présent à l’état de traces dans l’écorce terrestre. Il peut être dispersé dans l'air lors des éruptions volcaniques, mais surtout au cours des activités industrielles : métallurgie du zinc et du plomb, construction automobile, rejet ou incinération de batteries et accumulateurs, emploi de peintures ou pigments, combustion de combustibles fossiles, épandage d’engrais phosphatés et de boues de stations d’épuration. Les principales causes d'exposition au cadmium sont l'alimentation, essentiellement les légumes verts, et le tabagisme.
• Le mercure est un polluant global qui est émis sous forme gazeuse dans l’atmosphère par des sources naturelles (volcans, sols, dégazage des eaux de surface, plantes, feux de forêt…) et par des sources industrielles : production d’électricité, chimie, construction, traitement des déchets…
• Le plomb est présent dans tous les éléments de l’environnement. Sa présence y a fortement diminué depuis les années 90 en raison de son interdiction dans l’essence. Aujourd’hui, le plomb est principalement émis par le secteur industriel : métallurgie, production de matériaux et utilisation de minéraux non métalliques. Il peut rester présent dans les peintures datant d’avant 1948.

Quels sont les risques des intoxications aux métaux lourds ?

• La toxicité du mercure métallique dépend de sa forme physique : il est toxique par inhalation de vapeurs mais présenterait peu de danger lors de l’ingestion et par contact avec sa forme liquide sauf en cas de présence de lésions cutanées. Le mercure est connu comme un élément toxique qui agit sur les reins et le système nerveux. Les signes d’une toxicité aiguë sont des troubles psychologiques, des douleurs abdominales, des vomissements et une élévation de la créatinine dans le sang, témoin d’une insuffisance rénale.
• Le « saturnisme » désigne l'ensemble des manifestations de l'intoxication par le plomb. Les principaux organes touchés en cas de toxicité aiguë sont : le système nerveux, les reins et le sang. Il est caractérisé par des troubles du comportement, un déficit intellectuel et une anémie.
• L'accumulation du cadmium s'effectue principalement dans les reins. Des troubles gastro-intestinaux et respiratoires peuvent survenir. Le cadmium est considéré comme un cancérigène probable.
• L’aluminium parvient à traverser la peau et les intestins, et une fois dans le sang, il est filtré par les reins et éliminé par les urines. Mais 20% échappent à ce filtrage et s’accumuleraient dans les os, les poumons, le foie et le cerveau. L’aluminium pourrait avoir un effet neurotoxique.
On ne connaît, à ce jour, aucun rôle biologique utile à l'homme, pour aucun de ces métaux. Par conséquent, moins on ingère de ces métaux lourds, mieux c'est. A l’exception du plomb, on ne connaît pas précisément les doses susceptibles de provoquer des troubles neurologiques. Il n'y a donc pas d'accord général sur les doses à risques.

Intoxication aux métaux lourds : QUE FAIRE ?

Comment faire le diagnostic d’intoxication aux métaux lourds ?

• Pour les intoxications aiguës, les tableaux cliniques sont en général assez caractéristiques et, en cas de besoin, il est possible de contacter les centres anti-poison qui conseilleront sur les dosages à réaliser.
• Au cours des intoxications chroniques, il est, en revanche, très délicat d’établir un lien entre un trouble de la santé et la présence de faibles quantités de métaux lourds dans l’organisme. Les analyses sanguines sont généralement négatives et il n’y a pas d’examens simples disponibles en routine pour mettre en évidence la présence de ces métaux dans les organes. Les méthodes qui ont individualisé des taux excessifs de métaux lourds sont des méthodes de recherche. Un certain nombre de publications attestent cependant de l’association de ces problèmes avec des quantités de métaux lourds qui sans être toxiques sont pourtant excessives.

Quel traitement en cas d’intoxication aiguë aux métaux lourds ?

Il est parfois difficile d’évaluer la dose exacte de métaux lourds dans l’organisme.
En cas d’intoxication importante avérée, les médecins spécialisés en toxicologie prescrivent des médicaments chélateurs puissants tels l'EDTA (éthylène diamine tétra-acétique) qui permettent d’éliminer certains métaux lourds dans les urines par le principe de la chélation.
Pour des intoxications moins importantes, le charbon actif a également la capacité à réaliser une chélation des métaux lourds (au prix d’une certaine constipation) et il peut être prescrit par tous les médecins. Le charbon végétal activé est aussi efficace pour le mercure, le plomb, les insecticides, les herbicides et même certaines substances radioactives. Il est utilisé couramment par les médecins en cas d’intoxication aux antalgiques-antipyrétiques (paracétamol), aux antidépresseurs tricycliques, aux glucosides cardiotoniques (digitaline), aux solvants organiques et pour la plupart des effets iatrogènes des médicaments et des produits chimiques. La quantité théorique du charbon activé doit être au minimum égale à 8 à 10 fois le poids de toxique ingéré, ce qui fait de grosses quantités en cas d’intoxication aiguë.

Quel traitement en cas d’intoxication chronique ?

Tout processus de détoxification représente une charge pour les organes d’élimination (reins), car si certaines substances se combinent aux métaux lourds pour les éliminer, ces substances vont être obligatoirement acheminées au travers des organes d’élimination (rein). Il paraît donc préférable de privilégier une élimination progressive et lente sur plusieurs mois, afin de protéger ces organes.
Il existe un certain nombre de moyens, souvent naturels, qui peuvent favoriser cette « détoxification » en cas d’intoxication chronique.
• L’ail contient des composants soufrés qui agissent comme agents de chélation des métaux lourds. Ces mêmes composants protègeraient aussi les cellules de l’organisme contre le stress oxydatif engendré par ces métaux lourds.« L’ail des ours » n’a pas été aussi bien évalué, mais certains l’utilisent car son goût est moins prononcé. D’autres aliments sont riches en composants soufrés : le jaune d’œuf, les légumes de la famille des crucifères et les autres légumes de la famille des alliacées (oignon, poireau…).
• La coriandre aurait la capacité de mobiliser les métaux lourds (mercure, cadmium, plomb et aluminium) et les relâcher dans la circulation sanguine, sans pour autant favoriser une élimination à travers les organes d’élimination. Il est donc conseillé d’associer la coriandre avec la Chlorelle, ou à d’autres compléments qui facilitent l’élimination (pectine).
• Le charbon végétal activé est efficace pour le mercure, le plomb, les insecticides, les herbicides et même certaines substances radioactives.
• La Chlorelle (ou Chlorella) est une algue unicellulaire d’eau douce, assez onéreuse à produire, mais qui a la capacité de fixer naturellement les métaux lourds et les polluants. En revanche, du fait de cette « avidité naturelle » pour les métaux lourds, elle doit être cultivée de façon protégée sous peine de contenir elle-même des métaux lourds : le label « bio » n’est pas une garantie puisque ces métaux sont partout. Il faut donc une « double garantie » de culture protégée et d’analyse du produit.
Le seul problème avec tous les adsorbants, comme la Chlorella et le charbon actif, c'est que ces substances peuvent piéger les poisons et des nutriments utiles. Il faut donc absorber le charbon à distance des prises médicamenteuses et des repas.

Que peut-on faire pour éviter une intoxication chronique ?

Quelques précautions permettent de diminuer les sources de contamination :
Ne pas fumer, le tabac apportant du cadmium.
• Avoir une hygiène dentaire irréprochable et consulter le dentiste tous les ans pour détecter tôt la présence de caries et les traiter.
• Vérifier la présence de plomb dans les canalisations d’eau potable anciennes.
Prendre garde aux peintures anciennes contenant du plomb (avant 1948 en France), surtout avec de petits enfants qui peuvent manger des morceaux de peinture.
• Ne pas surconsommer de poisson.
• Préférer l’alimentation issue de l’agriculture biologique, sachant que ce n’est pas une garantie à 100% du fait des contaminations venant de l’air et de l’eau.

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JDF