Cardiologie

Pollution des sols : un impact inquiétant sur la santé cardiovasculaire de tous

Au même titre que le changement climatique et la pollution atmosphérique, la pollution des sols représente « une menace existentielle pour la durabilité des sociétés humaines » ont constaté des chercheurs après de multiples revues de la littérature sur le lien entre pollution des sols et santé, cardiovasculaire notamment.

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  • 23 Sep 2022
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    La pollution de l'air est la forme la plus visible de pollution. En revanche la pollution des sols n'est pas aussi facilement observable que des fumées qui sortent des pots d'échappement, de plus, ses effets sur la santé humaine sont beaucoup moins bien caractérisés. C'est de ce constat que sont partis quatre chercheurs d'instituts de cardiologie pour rédiger un précieux article de synthèse, publié dans le Cardiovascular Research, sur les liens entre les polluants les plus importants du sol et la santé humaine, notamment cardiovasculaire.

    Ils ont réalisé de multiples revues de la littérature pour faire le point sur les connaissances actuelles de la science sur le sujet. Les polluants en question, provenant tous de déchets d'origine humaine, sont multiples : des métaux lourds comme le cadmium ou le plomb, des produits chimiques organiques tels que les pesticides, ou encore les microparticules de plastique. Bien que la recherche soit encore émergente dans ce domaine, les conséquences, inquiétantes, des polluants du sol, sur la santé cardiovasculaire font de moins en moins de doutes.

    Un mécanisme d'action commun centré sur le stress oxydatif et l'inflammation

    Les principaux polluants du sol diffèrent par leur composition chimique mais leurs mécanismes d'action, néfaste, sur la santé cardiovasculaire, seraient proches. L'emploi du conjonctif permettant de souligner toutefois que ces mécanismes ne sont pas encore entièrement compris. Mais des pistes intéressantes ont déjà été découvertes dévoilent les chercheurs après leur travail d'analyse.

    Les différents polluants du sol provoqueraient des maladies cardiovasculaires par des voies physiopathologiques communes centrées sur la libération d'hormones du stress (cortisol, adrénaline...), sur le stress oxydatif et l'inflammation. L'ensemble induirait un dérèglement des rythmes circadiens, qui pourrait selon des preuves expérimentales et clinique significatives retrouvées dans la littérature, favoriser la pathogénèse de diverses maladies dont les maladies cardiovasculaires.

    L'ensemble des polluants peuvent agir de manière synergique et/ou additives avec les autres facteurs de risque cardiovasculaires, comme ceux liés au mode de vie, ce qui aggrave le risque d'apparition des maladies cardiovasculaires, précisent les chercheurs. 

    Pollution et risque cardiovasculaires liés aux métaux lourds : le monde entier est concerné

    Concernant l'exposition aux métaux lourds, les données expérimentales et épidémiologiques issues de plusieurs revues systématiques sur le sujet suggèrent bien qu'elle peut être à l'origine de maladies cardiovasculaires. L'exposition au cadmium provoque par exemple des lésions vasculaires et de l'athérosclérose par le biais de mécanismes oxydatifs. Le plomb quant à lui contribue, entre autres, au stress oxydatif, à l'inflammation et au dysfonctionnement endothélial avec des effets néfastes sur la variabilité du rythme cardiaque.

    En termes d'études cliniques, les chercheurs mettent en avant une méta-analyse à fort impact, regroupant plus de 350 000 participants, qui montre une association entre l'exposition à l'arsenic, au plomb et au cadmium et un risque accru de maladies coronariennes et cardiovasculaires. Et bien que la pollution des sols par les métaux lourds concerne essentiellement les pays à revenus faibles ou intermédiaires, le problème de l'exposition existe dans n'importe quel pays du monde, argumentent les scientifiques, en raison de la mondialisation croissante des chaînes d'approvisionnement et de l'absorption de ces métaux lourds par l'ensemble de la population mondiale par les fruits, les légumes ou la viande. Tous exposés, tous concernés.

    Microparticules de plastique : des effets avérés sur les organismes marins … et la santé humaine ?

    Les nanoplastiques et microparticules plastiques qui polluent le sol sont issus des 8 millions de tonnes de déchets plastiques qui s'échappent tous les ans dans les océans depuis les pays côtiers, ce qui équivaut peut-on lire dans l'article à « déposer cinq sacs poubelles remplis d'ordures sur chaque mètre de côte dans le monde »...

    Leurs effets sur la santé humaine représentent encore un domaine de recherche émergent. Des effets néfastes durablement sur la santé ont plutôt été mis en évidence sur les organismes marins. Il n'existe à ce jour, aucune étude humaine contrôlée ou en population sur l'association entre l'exposition à ces particules plastiques et les maladies cardiovasculaires, expliquent les chercheurs. Cependant il a récemment été démontré qu'elles peuvent atteindre la circulation sanguine et par conséquent endommager n'importe quel organe.

    Et des études précliniques ont montré que l'ingestion de billes de polystyrène favorise, chez la souris, l'adiposité, les maladies cardiométaboliques, la mort des cardiomyocytes et la fibrose cardiaque. Des conclusions qui laissent penser qu'il ne s'agit que d'une question de temps pour que les effets délétères des microparticules de plastique sur la santé cardiovasculaire soient scientifiquement prouvés. 

    Pollution des sols : un sujet dont les cardiologues doivent s'inquiéter

    L'Europe a déjà reconnu l'importance de la pollution pour la santé humaine et un plan d'action pour 2050 « une planète saine pour tous » détermine que la pollution de l'air, de l'eau et du sol doit être « réduite à des niveaux qui ne nuisent pas à la santé des personnes des écosystèmes ». 

    A notre échelle, il est urgent pour les médecins et autres professionnels de santé d'agir et de montrer la voie dans ce domaine. Et les cardiologues sont les principaux concernés : « la pollution des sols est assurément un sujet dont [ils] doivent s'inquiéter » insistent les auteurs de l'étude.

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    JDF