Rhumatologie

Arthrose du genou : la metformine pourrait réduire la dégradation du cartilage

Chez des diabétiques de type 2 prenant de la metformine, la progression de la gonarthrose et le recours à la prothèse totale de genou pourraient être réduits grâce à une action anti-inflammatoire globale de la metformine.

  • Liudmila Chernetska/istock
  • 19 Sep 2022
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    La metformine a montré une capacité à moduler différents mécanismes métaboliques impliqués dans l’inflammation, un phénomène retrouvé au cours de la poussée inflammatoire d'arthrose, elle-même contributive à l’évolution de l'arthrose du genou.

    Dans une large étude rétrospective cas-témoins, les patients atteints de diabète de type 2 qui déclarent prendre régulièrement de la metformine, auraient un ralentissement de 19% de la progression d’une arthrose du genou préexistante. Cet effet chondoprotecteur éventuel a été évalué selon un critère primaire « dur » de mise en place d’une prothèse totale de genou (PTG) au cours des 4 ans de l’essai. L’étude est publiée dans Nature.

    Une analyse de cohorte cas-témoin

    L'analyse a porté sur une cohorte rétrospective composée de 93 330 patients diabétiques de type 2, dont la moitié (46 665) prenait régulièrement de la metformine au cours de l’étude. Parmi les utilisateurs réguliers de metformine, 184 patients ont été admis pour une PTG dans les 4 ans. Dans le groupe qui n'utilisait pas la metformine, 222 ont subi une arthroplastie totale du genou dans les quatre ans.

    Dans le modèle de régression de Cox, le risque de mise en place d’une prothèse totale de genou chez les utilisateurs réguliers de metformine est réduit par comparaison aux non-utilisateurs : HR = 0,81 (IC à 95%, 0,67-0,98).

    Une étude sur dossiers individuels

    Les auteurs ont eu accès aux dossiers individuel de tous les patients âgés de 45 ans ou plus et traités dans le secteur public de Hong Kong. Ils ont ensuite créé une cohorte composée de tous les patients atteints de diabète de type 2 qui se sont rendus dans une clinique gérée par la Hospital Authority entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2010.

    Après leur inclusion, les patients ont été suivis jusqu'à ce qu'ils soient admis à l'hôpital pour une arthroplastie totale du genou (PTG), jusqu'à leur décès à l'hôpital ou jusqu'à ce que quatre ans se soient écoulés depuis le début de l'étude.

    Les patients étaient considérés comme des utilisateurs réguliers de metformine s'ils avaient reçu quatre ordonnances ou plus au cours de l'année précédant l'inscription. Les révisions de PTG n'ont pas été comptabilisées comme un critère d'évaluation.

    Réduction significative sur un délai de 4 ans

    « Malgré la faible incidence de PTG et une période de suivi relativement courte de 4 ans, nous avons trouvé une réduction statistiquement significative de 19% du taux de PTG dans la population des diabétiques qui utilisent régulièrement la metformine par rapport aux non-utilisateurs, avec une relation dose-réponse apparente », ont écrit Lai et ses collègues.

    « Les futures études devraient comprendre des études longitudinales avec une période de suivi plus longue, une sélection plus spécifique des patients avec des diagnostics préexistants d'arthrose du genou et sa gravité, et inclure des informations sur le dosage de la metformine. »

    Un effet anti-inflammatoire connu

    En plus de ses effets métaboliques hypoglycémiants dans le diabète sucré de type 2, la metformine module également les facteurs inflammatoires, ce qui entraîne une réduction de l'inflammation car c’est un activateur de l'adénosine monophosphate-activated kinase (AMPK) et de la protéine cyclooxygénase-2 (COX-2) et de l'oxyde nitrique synthase inductible (iNOS), et ceci selon un mode dose-dépendant.

    Son mécanisme sur la réduction de l'intensité de la douleur dans de nombreux troubles inflammatoires, dont l'arthrose en poussée, s'expliquerait par ses effets inhibiteurs sur le niveau des médiateurs pro-inflammatoires, réduisant ainsi le niveau des cytokines inflammatoires dont le TNF-alpha, l'IL-1, l'IL-6, l'IL-10 et les adipokines, selon les auteurs. L'effet anti-inflammatoire et anti-oxydant de la metformine sur le tissu articulaire synovial pourrait réduire la douleur en se basant sur la régulation métabolique de l'inflammation dans l'arthrose.

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    JDF