Gastro-entérologie

Syndrome de l'intestin irritable : les FOADMAPs perturberaient la barrière intestinale

Le syndrome de l'intestin irritable a un impact sur la qualité de vie notamment par les nombreuses exclusions alimentaires qu'il impose. Des travaux INSERM ont permis la découverte d'un mécanisme biologique de la maladie, en raison d’une altération de la barrière intestinale, via les AGE issus des FODMAPs. Ceci permettrait à terme de mieux traiter certaines formes de la maladie.

  • metamorworks/istocks
  • 09 Jun 2022
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    L'origine du syndrome de l'intestin irritable (SII) est mal connue. On sait cependant que les FODMAPs, un ensemble de sucres qui regroupe, entre autres, le lactose, le fructose et le fructane favorisent les symptômes par leur fermentation dans le côlon. Mais l'effet biologique précis de ces sucres n'est pas encore compris. C'est pourquoi actuellement les patients atteints du SII sont incités à réduire leurs apports en aliments contenant ces FODMAPs, ce qui peut être très contraignant à long terme vu la longueur de la liste.

    Mais les résultats d'une étude INSERM pourraient changer la donne. Elle met en évidence le rôle spécifique d'un type de produit de fermentation, les AGE pouvant être bloqué par l'apport de vitamine B6. Que sont ces AGE et quelles sont les implications cliniques de ces découvertes ?    

    Qu'est-ce que les AGE ?

    Déjà connus à travers des travaux de recherches antérieurs sur le sujet, les AGE, pour advanced glycation end-product, sont des résidus issus de la fermentation des sucres FODMAPs.

    Les chercheurs à l'origine de l'étude les soupçonnaient de contribuer aux symptômes du SII en modifiant le mucus intestinal, facteur clé de la qualité de la barrière intestinale. 

    Bloquer les AGE pour éviter l'altération du mucus intestinal

    A partir de travaux menés chez des souris nourries ou non avec des FODMAPs, les chercheurs ont pu confirmer que la consommation de ces sucres modifiait l'épaisseur du mucus. « Là où le mucus est fin, on peut supposer que l’efficacité du rôle de barrière joué par la paroi intestinale est réduite, augmentant le risque d’accroissement de la perméabilité intestinale » détaille, Jasper Kamphuis, le chercheur ayant mené l'étude.  

    Par contre, lorsque les souris recevaient une vitamine B6 (la pyridoxamine), la couche de mucus protectrice ne se trouvait pas endommagée malgré la consommation de FODMAPs. Et c'est là qu'interviennent les fameux AGE. La vitamine B6 a en effet la propriété de bloquer leur formation. « Bloquer la formation des AGE a empêché l’apparition des anomalies de la muqueuse intestinale : les AGE seraient donc bien les médiateurs de l’effet des FODMAPs sur la barrière intestinale. » explique le chercheur.

    Faudra-t-il bientôt donner de la vitamine B6 en cas de SII ?

    Un raccourci clinique rapide serait d'envisager d'utiliser la vitamine B6 pour traiter les patients atteints de SII. Malheureusement ce n'est pas si simple. « Pour ce travail, elle a été administrée à des doses très élevées, inenvisageables chez l’humain » clarifie d’emblée Jasper Kamphuis.

    Pas de révolution clinique donc dans la prise en charge du SII. « Mais cela nous a permis de comprendre les mécanismes médiés par les FODMAPs. À terme, on pourrait aider à limiter la formation des AGE par d’autres moyens, dans le but de limiter les exclusions alimentaires qui sont difficiles à vivre à long terme pour les patients car elles sont nombreuses », conclut le chercheur, confiant sur la future application clinique de ses travaux.

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    JDF