Rhumatologie

Maladie de Dupuytren : une nouvelle option dans les formes précoces

Dans la stratégie de gestion de la maladie de Dupuytren sur le long terme, les injections d’anti-TNF dans les nodules des formes précoces pourraient représenter une nouvelle étape intéressante, à même de retarder les autres gestes thérapeutiques.

  • Zarina Lukash/istock
  • 02 Mai 2022
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    La maladie de Dupuytren est une maladie chronique fibrosante, à forte implication génétique, mais dont les lésions nodulaires initiales seraient TNF-dépendantes. Elle est à l’origine de nodules, d’adhérences et de cordes fibreuses de l’aponévrose palmaire, avec un risque fonctionnel de doigts en crochet si rien n’est fait. Du fait de son caractère chronique, la chirurgie et l’aponévrotomie à l’aiguille sont actuellement les 2 techniques validées et sont combinées dans le temps au sein d’une stratégie fonctionnelle sur le long terme.

    Une nouvelle option thérapeutique pourrait être l’injection d’anti-TNF dans les nodules à un stade précoce de la maladie. Cette nouvelle technique s’est révélée efficace et parfaitement toléré dans une étude randomisée, en double aveugle, versus placebo, sur 140 malades et parue dans The Lancet Rheumatology. L’espoir est que cette intervention précoce puisse même ralentir l’évolution de la maladie vers les formes les plus sévères, un objectif que les injections de corticoïdes dans les nodules ne permettent pas d’atteindre.

    Les nodules seraient TNF-sensibles

    Le TNF a été identifié comme une cible thérapeutique dans les formes débutantes de la maladie de Dupuytren, où la stimulation des myofibroblastes par l'inflammation serait importante. Dans un essai de dose-ranging, l’équipe de recherche anglaise a déterminé que 40 mg d'adalimumab dans 0,4 ml serait la dose la plus efficace.

    Afin d’évaluer les effets de l'injection intranodulaire d'adalimumab dans les stades précoces de la maladie, un essai a été mis en place sur 140 participants atteints de maladie de Dupuytren à un stade précoce. Ceux-ci ont été randomisés pour recevoir soit de l'adalimumab (40 mg d'adalimumab dans 0,4 ml), soit une solution saline.

    Des données sur le critère primaire (dureté du nodule) sont disponibles pour 113 participants à 12 mois. La dureté des nodules est significativement inférieure (-4-6 UA [IC à 95 % -7-1 à -2-2], p=0.0002) dans le groupe adalimumab par rapport au groupe solution saline à 12 mois. Il n'y a pas eu d'événements indésirables graves liés à l'adalimumab et les événements indésirables les plus fréquents ont été des réactions mineures au site d'injection.

    Bien que l'adalimumab n'ait qu'une demi-vie d'environ deux ou trois semaines, les chercheurs ont constaté des effets persistant sur neuf mois après la dernière injection, ce qui pourrait indiquer un effet durable du traitement à ce stade.

    Une étude randomisée en double aveugle sur 12 mois

    Le critère de jugement principal était la dureté du nodule mesurée à 12 mois avec un « duromètre », et les patients ont été suivis pendant 18 mois au total.

    Dans cet essai de phase 2b, randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, des adultes souffrant de la maladie de Dupuytren à un stade précoce avec au moins un nodule cliniquement distinct et des antécédents clairs de progression dans les 6 mois précédents ont été recrutés dans deux centres cliniques du Royaume-Uni.

    Ils ont été randomisés 1:1 pour recevoir quatre injections d'adalimumab ou de solution saline tous les 3 mois. Les participants et les évaluateurs étaient en aveugle. Le critère principal était la dureté du nodule mesurée à l'aide d'un duromètre à 12 mois.

    Un rôle du TNF sur les myofibroblastes

    Les injections intranodulaires d'adalimumab chez les participants atteints de la maladie de Dupuytren à un stade précoce ont entraîné un ramollissement et une réduction de la taille des nodules. Un suivi plus long serait nécessaire pour évaluer l'effet de l'inhibition du facteur de nécrose tumorale sur la progression de la maladie, le déficit d'extension et la fonction de la main.

    Les données in vitro et celles d’un essai clinique de phase 2a montrant que l'anti-TNF régule à la baisse le phénotype des myofibroblastes, les cellules responsables de la fibrose, ainsi que les résultats de cette étude suggèrent que les injections intranodulaires d'adalimumab pourraient être utiles pour contrôler la progression de la maladie de Dupuytren à un stade précoce. Un suivi sur environ 10 ans serait cependant nécessaire pour le confirmer.

    La maladie de Dupuytren est facile à déceler à un stade précoce, et le fait de commencer un traitement par des injections d'anti-TNF pourrait apporter un répit durable et empêcher, ou ralentir, la progression de la maladie jusqu'à un stade où une aponévrotomie à l’aiguille ou une intervention chirurgicale seraient nécessaires.

    L'émission JDF sur la stratégie thérapeutique dans la maladie de Dupuytren avec le Pr Eric Roulot

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