Pneumologie

Dysanapsie : une architecture des voies aériennes qui guide le risque d’asthme ou de BPCO

La dysanapsie, qui correspond au rapport entre surface des voies aériennes et volume pulmonaire mesurés par imagerie est un facteur associé au rapport VEMS/CVF et l’index de dysanapsie peut prédire le risque de développer un asthme ou une BPCO, chez le fumeur. Une architecture respiratoire déjà acquise in utéro D’après un entretien avec Christophe DELCLAUX.

  • 10 Mar 2022
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    Une étude dont les résultats sont parus en février 2022 dans CHEST, a cherché à évaluer les déterminants de la dysanapsie et élaborer un score permettant de prédire le risque d’asthme ou de BPCO, en fonction de cet index de dysanapsie. Il s’agit d’une étude transversale, ayant inclus 101 sujets, sans pathologie respiratoire et non-fumeurs, tous âgés de 20 à 60 ans. Tous ces sujets ont bénéficié d’un scanner thoracique en inspiration profonde, au décours duquel une mesure du volume pulmonaire (capacité pulmonaire totale) et de la section de 19 bronches standardisées a été réalisée. Un calcul du diamètre moyen des bronches va alors représenter le calibre de l’ensemble des bronches. Les auteurs ont ensuite fait le rapport calibre/racine cubique de la capacité pulmonaire totale pour obtenir un index de dysanapsie, pour chaque sujet.

    Quid de la dysanapsie

    Le professeur Christophe DELCLAUX, chef du service de Physiologie Explorations Fonctionnelles et du Centre Pédiatrique de Pathologies du Sommeil à l’hôpital Robert Debré, à Paris, rappelle que le terme de dysanapsie a été introduit en 1974, par des physiologistes de Harvard, qui avaient observé une variabilité des débits expiratoires chez des sujets sains. Le débit expiratoire moyen résulte d’une participation conjointe du volume pulmonaire (capacité vitale) et de la résistance des grosses voies aériennes, or des résistances variables ont été observées pour des sujets sains, de mêmes âges et physionomies. La dysanapsie correspond donc à la croissance inégale du volume pulmonaire et de la taille des voies aériennes. Le terme vient du grec : « dys » pour « inégal » et « anapsie » pour « croissance ». Des index de dysanapsie ont ensuite été créés, représentant le débit des voies aériennes, qui divisés par le volume pulmonaire (capacité vitale) donne une composante de débit et de volume, comme le VEMS/CV. Christophe DELCLAUX précise que l’index créé ici par les auteurs de ce travail a été comparé à l’index VEMS/CV.

    Une importance potentielle de l’index de dysanapsie comme facteur de risque

    Christophe DELCLAUX relève que les auteurs de cette étude ont trouvé une corrélation entre leur index de dysanapsie et le VEMS/CV, ce qui confère une importance potentielle de cet index de dysanapsie car il peut correspondre à un facteur de risque de pathologie respiratoire, comme l’asthme ou la BPCO chez le fumeur. En effet, si les voies aériennes sont de petits calibres, les symptômes de l’asthme seront plus sévères. De même, en cas de tabagisme chronique, le remodelage de la paroi bronchique se répercutera d’autant plus vite que le calibre des bronches est faible au départ. Christophe DELCLAUX souligne toutefois que cette corrélation était attendue et que ce facteur de risque indépendant de l’âge, du sexe et de la taille est logique. Ce qui lui parait intéressant est que cet index explique 20% de la variabilité du rapport VEMS/CV et que ceci est vrai quasiment dès la naissance. Il explique que l’architecture des voies ariennes est acquise in utéro et varie d’un sujet à l’autre. Christophe DELCLAUX rappelle que des études sur ce sujet, chez les enfants, ont déjà été réalisées.

    En conclusion, l’architecture individuelle des voies aériennes guide le risque d’avoir une maladie respiratoire telle que l’asthme ou la BPCO post-tabagique et l’index de dysanapsie peut être utilisé pour prédire ce risque. Pas nouveau mais intéressant...

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    JDF