Neurologie

Démence : 4 fois plus de risque d'en être atteint en cas de troubles mentaux

Des chercheurs néo-zélandais ont mis en évidence un lien entre troubles mentaux préexistants et un risque bien plus important de développer une démence. Une piste pour pouvoir prévenir cette pathologie neuro-dégénérative qui touche actuellement plus de 50 millions de personnes dans le monde.

  • KatarzynaBialasiewicz/istock
  • 25 Fév 2022
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    Dans une étude publiée dans le JAMA, des chercheurs néo-zélandais ont mis en évidence un lien entre la présence de troubles mentaux et le risque ultérieur de développer une démence. Ils ont étudié sur 30 ans les dossiers médicaux hospitaliers, pharmaceutiques et registres de mortalité de plus de 1 700 000 patients nés entre 1928 et 1967.

    Les troubles mentaux inclus étaient les troubles graves nécessitant un traitement pharmaceutique et une prise en charge hospitalière. Ils étaient classés en 9 catégories : troubles liés à la consommation de substances, troubles névrotiques, de la personnalité, du développement, du comportement et troubles non spécifiés.

    Les résultats montrent un risque multiplié par plus de 4 de développer une démence pour les personnes souffrant de ces troubles mentaux en comparaison aux personnes non atteintes (risque relatif à 4,24, IC à 95% 4,07-4,42). Ce risque majoré est mis en évidence quel que soit l'âge, le sexe et indépendant de potentielles maladies chroniques préexistantes ou d'une précarité socio-économique. 

    Des démences d’apparition plus précoces en cas de troubles mentaux

    Le risque accru de développer une démence existe pour tous les troubles mentaux étudiés. L'intensité du risque variait selon le type de trouble : il va d'un risque multiplié par environ 3 en cas de troubles névrotiques (RR = 2,93, IC à 95% 2,66-3,21) à un risque multiplié par plus de 6 en cas des troubles psychotiques (RR = 6,20, IC à 95% 5,67-6,78).

    En plus d’accroître le risque de développer une démence, la présence de troubles mentaux est associée à une apparition plus précoce de la maladie, en moyenne 5,6 ans plus tôt que les personnes ne présentant pas de troubles mentaux (IC à 95% 5,31-5,90).

    Un lien de cause à effet ?

    L'association entre troubles mentaux et démence est-elle causale ? Les chercheurs ne peuvent l'affirmer sur la base de l'étude. Toutefois sur cette hypothèse, ils évoquent plusieurs mécanismes pouvant relier les deux types de pathologies : « La dépression peut provoquer une neuro-inflammation, la consommation excessive d'alcool peut entraîner des lésions cérébrales, et la psychose peut précipiter un déclin cognitif et fonctionnel accéléré ».

    Et quand bien même les troubles mentaux ne seraient pas une cause mais des indicateurs de risque de démence, les chercheurs soulignent l'importance de ces résultats en termes de prévention de la démence « ils constituent un signe d'alerte très précoce du déclin cognitif ultérieur, avec des implications en termes d'intervention ».

    Un pas vers la prévention des démences

    Alors que la démence n'est actuellement traitée qu'en fin de vie lorsqu'elle s'exprime, les résultats de l'étude ouvrent une piste pour une possible prévention via le traitement des troubles mentaux tout au long de la vie. D'autres études sont nécessaires pour déterminer précisément les mécanismes des liens entre ces troubles et pouvoir mieux cibler la prévention.

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    JDF