Pneumologie

Aspergillose allergique de l’asthme : une étude encourageante sur l’association prednisolone/ itraconazole

L'association de prednisolone et d'itraconazole serait supérieur à l'utilisation de prednisolone seul dans le traitement de la phase aiguë d'une aspergillose bronchopulmonaire allergique compliquant un asthme. Des résultats peu significatifs mais encourageants et pas plus d’effets secondaires. D’après un entretien avec Olivier LE ROUZIC.

  • 21 Oct 2021
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    Une étude prospective randomisée, dont les résultats sont parus en septembre 2021 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer l’efficacité de l’association prednisolone / itraconazole dans le traitent de l’aspergillose broncho-pulmonaire allergique venant compliquer à un asthme versus un traitement par prednisolone seule. Au total, 191 patients asthmatiques atteints d’aspergillose allergique et naïfs de tout traitement ont été randomisés. Un groupe de 94 patients a reçu de la prednisolone seule pendant 4 mois et un second groupe de 97 patients a reçu une association prednisolone/ itraconazole pendant 4 à 6 mois. Les patients ont été suivis pendant 2 ans. Le taux d’exacerbation à 12 mois, le taux d’aspergilloses allergique cortico-dépendantes à 24 mois, la baisse des IgE totales sériques à six semaines et les effets indésirables du traitement ont ensuite été évalués.

    Une stratégie mise en question

    Le docteur Olivier LE ROUZIC, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, précise que la question de la meilleure stratégie concernant la conduite à tenir au cours d’un premier épisode d’aspergillose aigue chez un asthmatique se pose la réponse n’est pas encore clairement établie. En effet, les corticoïdes seuls, l’itraconazole seul ou l’association des deux semblent efficaces. Il explique que cette étude qui compare les corticoïdes seuls à l’association corticoïdes/itraconazole part du postulat que si l’on diminue la charge fongique, on diminue le risque de récidive. Les résultats de ce travail ont montré qu’il y avait une proportion moins importante de nouvelles exacerbations avec l’association corticoïdes/itraconazole (20% versus 33%) mais le seuil de significativité de ce résultat n’est pas atteint. Concernant les effets secondaires, il n’y a pas de différence significative entre les deux prises en charge, en dehors d’une perturbation du bilan hépatique avec l’association qui n’a pas nécessité d’arrêt du traitement.

    Des résultats peu significatifs mais encourageants

    Oliver LE ROUZIC explique que la question est donc de savoir si l’association corticoïdes/itraconazole dot être instaurée d’emblée. En effet, le seuil de significativité n’étant pas atteint statistiquement, il est difficile de conclure sur les seuls résultats de cette étude.  Il souligne également un biais de recrutement concernant les profils des patients, qui sont des asthmatiques plus sévères, avec un taux d’éosinophilie élevé et des bronchectasies. Il est donc nécessaire de confirmer ces résultats pas de nouveaux travaux. Olivier LE ROUZIC précise que certains praticiens utilisent déjà l’association corticoïdes/itraconazole, au « feeling » et que la Société de Maladies infectieuses américaine suggère déjà un traitement combiné, sans données précises à l’heure actuelle.  Il est donc intéressant de poursuivre dans cette voie compte tenu des résultats encourageants et de la bonne tolérance du traitement combiné.

    En conclusion, l’association corticoïdes/itraconazole dans le traitement de l’aspergillose broncho-pulmonaire allergique du sujet asthmatique est donc probablement une piste intéressante mais les résultats nécessitent d’être confirmés par de nouvelles études.

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    JDF