Pneumologie

Pollution : un impact sur l’incidence de l’asthme

La pollution est responsable de la survenue de nouveaux cas d’asthme, et cela à des niveaux bien inférieurs au seuil recommandé. L’asthme peut donc être déclenché avec des niveaux de pollution acceptables. D’après un entretien avec Anh-Thuan DINH XUAN.

  • 29 Jul 2021
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    Une étude, dont les résultats sont parus mai 2021 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer le nombre de nouveaux cas d’asthme qui pourraient être liés à la pollution. Dans cette étude, les auteurs ont également cherché à préciser le seuil de pollution à partir duquel ces nouveaux cas apparaissent. Pour cela, plus de 100 000 sujets ont été observés sur une période de presque 17 années, issus de trois registres européens suédois et norvégiens. Aucune de ces personnes n’était connue pour être asthmatique. Au terme de cette période d’observation, 2000 sujets avaient développé une première crise d’asthme.

    Une corrélation avec le niveau de pollution

    Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, pneumologue à l’hôpital Cochin à Paris, rappelle que les précédentes études liant l’asthme à la pollution avaient surtout pour but de mesurer l’influence de la pollution sur les exacerbations et le nombre de décès, chez des patients asthmatiques connus. L’originalité de ce travail est donc d’évaluer l’influence de la pollution sur l’incidence de l’asthme. Le volume de la cohorte t la longue durée d’observation ont donc permis de prouver qu’il existe un lien entre pollution et première crise d’asthme. Anh-Tuan DINH XUAN ajoute que ce lien est étroitement démontré tant avec le NO2, les pM2,5 et le noir de carbone, dérivant des énergies fossiles du trafic routier, c’est-à-dire des moteurs essences ou diésel.

    Profiter de la révision prochaine des recommandations

    Anh Tuan DINH XAUN souligne que le second intérêt de ce travail est que les auteurs ont comparé les niveaux de pollution auxquels l’asthme a été déclenché aux seuils des recommandations actuelles. Les résultats ont montré que l’on peut déclencher un asthme avec des niveaux de pollution acceptables, c’est-à-dire inférieurs aux niveaux préconisés. La corrélation significative entre le déclenchement d’une première crise d’asthme et le niveau de pollution inférieur au seuil recommandé par les autorités sanitaires laisse penser qu’il existe une susceptibilité de certains sujets à développer un asthme, même si le niveau de pollution locale n’a pas atteint le seuil acceptable. Anh-Tuan DINH XUAN insiste sur le fait qu’il s’agit du bon moment pour exercer une pression politique et médiatique, de manière à ce que l’ATS et l’ERS se mettent d’accord pour diminuer le seuil de pollution acceptable pour protéger ces sujets à risque, puisque l’OMS est sur le point de revoir les recommandations sur la qualité de l’air. En effet, la survenue de la maladie asthmatique a des conséquences économiques plus importantes que celles attribuées aux exacerbations et aux décès.

    En conclusion, la pollution peut déclencher une maladie asthmatique à des seuils inférieurs à ceux actuellement acceptables. Les autorités sanitaires doivent tenir compte de ces résultats lors de la révision des recommandations sur la qualité de l’air. A revoir à la baisse…

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    JDF