Infectiologie

Covid-19 : les ravages du principe de précaution mal interprété

Après la suspension de la vaccination avec le vaccin AstraZeneca, la question se pose de la sécurité des vaccins en général, de leur évaluation... et de l'interprétation abusive du principe de précaution qui est fait dans ce cas.

  • scaliger/iStock
  • 12 Mar 2021
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    Bénéfice-risque, expression mal trouvée ; anglicisme et traduction erronée du « Risk Benefit » qui signifie, avantages et inconvénients… Et non pas, dans le cas du médicament,  bénéfices immondes de l’industrie pharmaceutique en faisant fi du risque.

    En France le risque est régi par le principe de précaution. Un principe de précaution mal appliqué, qui pourrit la médecine Française et s’étends à nos voisins européens, comme le prouve encore cette histoire du vaccin Astra Zeneca et l’interruption de son utilisation  dans plusieurs pays..

    Procédons par étape…

    On doit le principe de précaution, en France, au président Jacques Chirac qui l’a inscrit dans la constitution en bonne place  en 2015. Il va vite être considéré comme responsable des blocages français dans de nombreux domaines. Le problème n'est pas tant le texte qui a été intégré à la Constitution que l'interprétation maximaliste qui en est faite depuis sa mise en application. 

    Sous la pression d'une opinion publique devenue défiante vis-à-vis de l'innovation, les politiques se sont réfugiés derrière ce principe pour bloquer toute avancée. Refuge d’autant plus indispensable pour eux, que commençaient à pleuvoir les peines de prison, dans les affaires les plus emblématiques et les graves crises sanitaires que furent le sang contaminé et la vache folle

    Aujourd’hui de nombreuses voix s’élèvent pour demander le retrait de ce principe, ce qui est une mesure difficile ; Et son application persiste, ce explique les problèmes actuels du vaccin d’Astra Zeneca. Au nom de ce principe, les autorités sanitaires du Danemark d’abord puis de  Norvège, d’Islande et de Thaïlande - en attendant les autres - viennent de suspendre son utilisation.

    Le ministère de la santé Français, pour le moment, préfère une explication rationnelle plutôt qu’une interdiction temporaire d’utilisation qui mettrait définitivement à terre un vaccin mal-né.  En grande partie en raison d’une communication fruste du fabriquant qui a eu des explications confuses de faits normaux du développement d’un nouveau produit.

    Toutefois, quand on constate la place  prépondérante de ce vaccin dans la stratégie Française, on imagine difficilement une nouvelle défiance avérée par nos autorités ; cela  condamnerait le faible espoir d’une vaccination massive des Français à risque avant l’été. On sait que c’est la  condition sine qua non pour la reprise d’un semblant de vraie vie sociale dans notre pays  et de sortie du cauchemar pour des milliers de professionnels de la restauration, du spectacle, des voyages et  des loisirs. Les anti vaccinaux vont brandir ce nouveau fait d’actualité alors que l’explication semble dans un premier temps rationnelle

    La vigilance, en ce qui concerne la vaccination, est plutôt bien faite ; dans presque tous les pays et en particulier le Danemark. Mais après la vaccination, la vie continue, en particulier celle de toutes les maladies. On parle aujourd’hui  d’accidents thromboemboliques, c’est ainsi que l’on appelle les phlébites et les embolie pulmonaires graves, 22 cas survenues après la vaccination de 3 millions de Danois. En France, l'incidence annuelle de la maladie thromboembolique, c’est ainsi qu’on l’appelle, est de l'ordre de 1 pour 1000 dont  5 000 à 10 000 décès. Trois millions de Danois vaccinés en trois mois cela signifie « normalement » un risque théorique de 750 maladies thromboembolique et de 110 décès !!!

    De là à dire, que la vaccination protège à la lecture de ces chiffres, est un pas aussi stupide à franchir que celui que font aujourd’hui certaines agences sanitaires. Il faut attendre l’analyse fine de cet incident de vaccination et opposer aussi ce risque éventuel s’il est prouvé,  aux vies sauvées par la vaccination.

    Alors l’analyse pourra être objective.

    Un calcul – stupide je vous le concède – pourrait être, a partir des 3000 morts annuels sur la route en France, de conclure que, sur les 7 millions de vaccinés en trois mois, il y aura – statistiquement – 80 vaccinés qui perdront la vie sur la route…

    Nos gouvernants auraient intérêt désormais de parler d’ « avantage et inconvénients » des produit de santé, et non pas de bénéfice-risque qui, pour la majorité des Français, signifie bénéfices immondes faits par l’industrie pharmaceutique, en risquant notre santé, avec la bénédiction complicité de nos soignants et de nos dirigeants.

    Si on arrive à faire cette distinction, la communication santé aura fait un grand pas. Mais restera les ravages du principe de précaution mal interprété…

    Coïncidence ou causalité, c’est là que se situe le vrai débat !

     

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    JDF