Onco-dermatologie
Dermatofibrosarcome localement avancé : intérêt des inhibiteurs de tyrosine kinase en néoadjuvant
Pour des patients avec dermatofibrosarcome de Darier Ferrand localement avancés (DFSP-LA) pour lesquels la chirurgie d’emblée n'est pas réalisable, des résultats suggèrent l'efficacité à long terme des inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK), notamment l'imatinib et le pazopanib, en situation néoadjuvante. Ces traitements permettent à ces patients initialement non opérables de bénéficier d’une exérèse tumorale complète, et donc d’augmenter leur survie sans récidive.
- Istock/CIPhotos
Le dermatofibrosarcome de Darier Ferrand (DFSP) est un sarcome rare des tissus mous. Le traitement standard repose sur la résection tumorale complète mais l’imatinib mesylate est une alternative à la chirurgie dans les dermatofibrosarcome de Darier Ferrand localement avancés (DFSP-LA), non opérables ou métastatiques.
Une étude rétrospective incluait des patients avec DFSP-LA confirmé histologiquement, ayant reçu un traitement néoadjuvant par inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) (imatinib, pazopanib) entre 2007 et 2017 à l’hôpital Saint Louis à Paris. L’objectif était d’évaluer le statut à long terme de ces patients.
Une première étude aux résultats prometteurs
Vingt-sept patients ont été inclus (imatinib N= 24, pazopanib N=3), dont 9 patients avec une transformation fibrosarcomateuse. La durée médiane de traitement est de 7 mois. Le gène de fusion COL1A-PDGFB est présent chez tous les patients.
La meilleure réponse aux ITK avant la chirurgie, évaluée selon les critères RECIST1.1 sur l’IRM, est : réponse complète ou partielle (38%) ou stabilité (46.15%). 24 patients ont bénéficié d’une excision complète de la tumeur. 3 patients (12.5%) ont reçu de la radiothérapie adjuvante. Vingt-trois patients opérés (96%) sont en rémission complète après une durée médiane de suivi de 64.8 mois.
Une patiente a développé des métastases à distance 37 mois après la chirurgie et est finalement décédée. Deux patients (7%) n’ont pas été opérés car ils ont présenté une progression métastatique sous ITK. Une patiente a refusé la chirurgie malgré une réduction de la taille initiale de la tumeur de 30%. 23 patients (85%) ont eu des effets secondaires liés aux traitements mais seulement 4 patients (imatinib: n=3, pazopanib: n=1) ont eu une toxicité de grade ≥3 nécessitant un arrêt temporaire des traitements.
Des résultats variant selon l’immunothérapie
Plus de 90% des cas de DFSP sont associés à une translocation chromosomique t(17;22) impliquant les gènes COLIAI et PDGFB et entrainant une surproduction du PDGF et une activation des signaux tumoraux. L’imatinib, un ITK sélectif du récepteur au PDGF, est le plus utilisé dans le DFSP.
Le pazopanib, ciblant le VEGF, PDGF et C-KIT, est une option thérapeutique dans le DFSP, bien que le rapport bénéfice risque semble moins bon que celui observé avec l’imatinib, avec une moins bonne tolérance. La transformation sarcomateuse et la taille initiale de la tumeur sont les principaux facteurs de risque de récidive ou de progression métastatique rapportés dans le DFSP et confirmés dans notre étude. La radiothérapie locale adjuvante permet de réduire le risque de récidive pour ces patients avec des facteurs de mauvais pronostic.
Une stratégie thérapeutique efficace
L’association des ITK en néoadjuvant suivie d’une chirurgie complète avec analyse micrographique des marges est une stratégie efficace pour le traitement des DFSP localement avancés ou inopérables, y compris pour les DFSP avec transformation fibrosarcomateuse, avec un faible risque de rechute à long terme.








