Pneumologie

Asthme et obésité : une prise en charge spécifique sur le long terme

Le pronostic à long terme de l'asthme chez la personne obèse semble différent de celui du sujet normo-pondéral et nécessite une prise en charge spécifique sur le long terme, avec des moyens non pharmacologiques. D’après un entretien avec Laurent GUILLEMINAULT.

  • 19 Nov 2020
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    Une étude de cohorte finlandaise, dont les résultats sont parus en septembre 2020 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer le pronostic de l’asthme sur le long terme chez le sujet obèse. Des patients dont l’asthme s’est déclaré à l’âge adulte et dont le diagnostic a été fait par un médecin et non sur déclaration, ont été suivis pendant 12 ans. Au total, 24% des sujets étaient obèses au moment de l’inclusion, tous ont été traités par corticoïdes inhalés au moment du diagnostic. Ils ont tous bénéficié d’EFR lors de l’inclusion dans l’étude. La consommation de soins et la spirométrie ont été évaluées au bout des 12 années.

    Un profil caractérisé des asthmatiques obèses

    Le professeur Laurent GUILLEMINAULT, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, rappelle que, jusque là, l’observation de  l’asthme du sujet obèse était une photographie à l’instant t, et que l’intérêt de cette étude est sa durée, car ces patients ont un phénotype particulier avec une consommation de soins plus importante que les sujets normo-pondéraux. Il souligne que le profil de patients qui ressort de cette étude montre que 86% des patients obèses sont restés obèses après 12 ans et que les patients en surpoids sont devenus obèses. L’utilisation de la corticothérapie orale en cure courte est également augmentée puisqu’elle est de 46% chez les obèses versus 23% chez les normopondéraux. De plus, les doses étaient significativement plus élevées. Les hopsitalisations pour pathologie respiratoire sont plus nombreuses chez les obèses (38% versus 16%) mais sans que la nature de la pathologie pulmonaire soit précisée. Laurent GUILLEMNAULT précise que les facteurs prédictifs de la consommation de corticoïdes oraux sont le sexe féminin, l’obésité et l’éosinophilie inférieure à 200/microl. En effet, 68% des obèses avec une éosinophilie basse ont bénéficié de corticothérapie orale.

    Une prise en charge pluri-disciplinaire et non pharmacologique

    Laurent GUILLEMINAULT explique que l’asthme est moins bien contrôlé chez les sujets obèses et que les mécanismes physiopathologiques ne sont pas clairs. Un mécanisme ventilatoire insuffisant par infiltration graisseuse de la paroi thoracique et une inflammation non éosinophilique pourraient être des explications possibles, de même que l’augmentation des polynucléaires neutrophiles, de l’IL6 et de la CRP, observée chez l’obèse. Laurent GUILLEMINAULT suggère donc de mieux caractériser la population asthmatique obèse et, ce, sur une longue période, et de s’attacher aux marqueurs comme l’éosinophilie. Aller plus loin au niveau des soins avec une réelle prise en charge de l’obésité, par la diététique, la réadaptation à l’effort voire la chirurgie bariatrique, est une nécessité.  Cette prise en charge doit être de longue haleine.

    En conclusion, il apparait nécessaire de s’attarder sur les traitements inhalés et la prise en charge non pharmacologique des sujets asthmatiques obèses pour améliorer leur pronostic sur le long terme.

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    JDF