Cardiologie

FA : l'ablation réduit mieux le risque de démence que les médicaments en cas d’athérosclérose associée

Actuellement peu traités par ablation, les patients qui ont à la fois une fibrillation atriale et une athérosclérose carotidienne ont pourtant un moindre risque d’AVC et de démence après ablation qu’avec le traitement médicamenteux seul.

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  • 18 Mars 2019
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    Chez les malades qui souffrent à la fois de fibrillation auriculaire et de sténose athéromateuse carotidienne, l’ablation par cathéter réduit très nettement leur risque de démence et d'AVC comparativement au traitement médicamenteux seul.

    Un résultat d’autant plus intéressant que la plupart des médecins choisissent de ne pas faire ce type d'interventions chez ces patients, plutôt considérés à haut risque. Les résultats de l'étude ont été présentés au congrès annuel de l'American College of Cardiology, à Atlanta.

    Une procédure efficace

    L'ablation par cathéter est une procédure assez longue, mais très efficace, qui vise à empêcher les signaux électriques anormaux de causer une fibrillation atriale (FA). La FA et la démence sont deux maladies de plus en plus fréquentes à partir d’un certain âge et qui sont nettement plus fréquentes chez les patients souffrant d’un rétrécissement athéromateux carotidien.

    « Les résultats de notre étude font prendre conscience du lien important qui existe entre les deux affections et montrent la grande différence que peut faire l'ablation en termes de régularisation du rythme cardiaque pour préserver la santé du cerveau », selon le Dr Jared Bunch, investigateur principal de l'étude et directeur médical des services des troubles du rythme cardiaque pour Intermountain Healthcare

    Une étude sur plus de 5000 patients

    Dans cette étude, les chercheurs ont analysé les données de 5 786 patients souffrant de fibrillation atriale sans antécédents de démence. Les malades ont ensuite été répartis en 2 groupes :  ceux qui souffraient d'une maladie artérielle carotidienne et ceux qui n'en souffraient pas.

    Les chercheurs ont constaté que l'ablation par cathéter réduit nettement le risque de démence ou d'AVC sur cinq ans dans l’ensemble de cette population (- 45% ; p<0 .001) comparativement aux patients appariés qui n'avaient pas subi d’ablation et restaient sous traitement médical seul. Le bénéfice est particulièrement net chez les patients atteints de fibrillation atriale et de maladie artérielle carotidienne associée (- 61% : p<0.0001) par comparaison aux patients souffrant de fibrillation atriale isolée (- 9% : NS). Les tendances sont les mêmes pour la démence seule.

    Changement des pratiques

    « Nous avons déjà démontré que la fibrillation auriculaire et la maladie artérielle carotidienne pouvaient augmenter le risque d'accident vasculaire cérébral et de démence, l'étape suivante était de comprendre comment les traitements pouvaient influer sur ces risques », ajoute le Dr Jared Bunch.

    Même si l’ablation est une procédure assez longue, et qui ne peut donc pas être réalisée chez tous les malades souffrant de FA, ces résultats pourraient mener à des changements des pratiques pour le traitement de ceux qui ont à la fois une fibrillation atriale et une maladie athéromateuse carotidienne, du seul fait du bénéfice plus important sur la démence et l’AVC.

    Une meilleure prévention de la démence

    Il n'y a pas de traitement actuel qui change le cours naturel de la démence. La démence est aujourd'hui l'une des causes les plus courantes d'invalidité et de décès dans les pays développés. « Par conséquent, nous devons identifier les personnes à risque de démence plus tôt avant qu'elles n'arrivent à l’hôpital avec un déclin cognitif afin de commencer très tôt des traitements qui vont potentiellement modifier la maladie », a déclaré le Dr Jared Bunch. «

     En l'absence de traitement susceptible d'améliorer réellement la progression de la démence, nos efforts doivent se concentrer sur la prévention des multiples causes des lésions cérébrales et de leurs conséquences ». « Nos recherches montrent que les patients à risque plus élevé peuvent être ceux qui sont les plus susceptibles de bénéficier d'une ablation lorsque l'intervention peut être effectuée en toute sécurité dans des centres spécialisés, de sorte qu’un impact positif puisse être mis en à profit sur le risque à long terme de démence et d'AVC de ces patients ».

    Souvent en médecine, les patients à haut risque bénéficient moins souvent des interventions invasives en raison de craintes sur les risques liés à l'intervention. Cette étude est en faveur d’une attitude plus proactive.

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