Pneumologie
Asthme léger : un argument pour développer l’association albutérol-budésonide en France
L'association albutérol-budésonide prise au besoin réduit le risque d'exacerbations sévères en cas d'asthme léger non contrôlé. Cette combinaison a reçu l’approbation de la FDA et est utilisée aux USA depuis près de 2 ans mais n’est pas encore disponible en France. D’après un entretien avec Camille ROLLAND-DEBORD.

Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2025 dans le New England Journal of Medicine, a cherché à démontrer l’efficacité de la combinaison albutérol- budésonide, prise en si besoin, sur la diminution du nombre d’exacerbations sévères en cas d’asthme léger non contrôlé. Il s’agit d’un essai virtuel, réalisé par le biais des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle. La population incluse comportait 70% de femmes, avec un âge moyen de 41 ans, majoritairement avec un phénotype allergique, dont 75% n’avait pas de traitement de fond et utilisaient des béta2 mimétiques de courte durée d’action à la demande. Les 25% restants étaient traités par corticoïdes ou anti leucotriènes. Un groupe de patients a reçu la combinaison albutérol-budésonide et un second groupe a reçu seulement l’albutérol, pendant 52 semaines. Le critère d’évaluation principal était la date de la première exacerbation sévère de l’asthme. Les critères secondaires étaient le taux annualisé d’exacerbations et le recours aux corticoïdes par voie générale.
Un essai à la méthodologie originale
Le docteur Camille ROLLAND-DEBORD, chef du service de pneumologie-allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand, explique qu’il s’agit d’un essai virtuel qui fait suite à un travail réalisé en 2022, qui cherchait à évaluer l’efficacité de cette même association albutérol-budésonide chez des asthmatiques sous corticoïdes inhalées, modérés à sévères. Cet essai avait alors montré des résultats positifs. Elle souligne la méthode innovante de cette étude au cours de laquelle les patients ne viennent pas à l’hôpital, mais au cours de laquelle sont impliqués les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle. Les sujets inclus sont des sujets jeunes. Toutefois, plus de 300 patients ont été perdus de vue et cette méthodologie en distanciel n’a notamment pas permis la réalisation de spirométrie. Camille ROLLAND-DEBORD précise toutefois que les résultats de ce travail sont positifs de façon significative, même si la population étudiée est spécifique par la légèreté de l’asthme et le faible nombre d’exacerbations de ces patients. Les exacerbations et la consommation de corticoïdes oraux ont diminué, sans observer un taux élevé d’effet secondaire. Pour elle, l’idéal serait, à présent, de comparer l’association albutérol-budésonide avec l'association formotérol-corticoïdes inhalés lors des exacerbations d'asthme.
De bons arguments pour développer ce dispositif en France
Camille ROLLAND-DEBORD explique que la combinaison albutérol-budésonide n’existe pas en France et qu’elle n’est disponible qu’aux USA. Elle rappelle que les recommandations du GINA s’orientent sur l'association formotérol-corticoïdes inhalés, en traitement de fond ou à la demande et que des corticoïdes inhalés sont nécessaires à toutes les étapes de l’asthme. Elle rappelle que contrairement au formoterol, L’albutérol a lui une courte durée d’action. Même si les résultats de ce travail ne sont pas transposables en Europe, ils constituent un argument pour développer cette association en France. La FDA a approuvé ce traitement aux USA en 2024 mais il n’apparait pas encore dans les recommandation internationales. Peut-être dans les recommandations du GINA en 2026 ?
En conclusion, cet essai est innovant par sa méthodologie mais limité par la spécificité de sa population qui exacerbe très peu. Il est toutefois scientifiquement intéressant et l’efficacité de la combinaison albutérol-budésonide, non encore disponible en France, pourrait permettre qu’elle apparaisse prochainement dans les recommandations internationales…