Santé publique
Crise à l'hôpital : le patron de la FHF s'en prend aux libéraux
La FHF fait 50 propositions pour remettre l'hôpital à sa juste place, et sortir de la crise. Frédéric Valletoux veut que les efforts soient mieux partagés avec les libéraux et les cliniques.
- PFG/SIPA
L'intérêt marqué des Français pour les questions relatives à l’hôpital public et à l’avenir du système de santé n'a pas échappé à la Fédération Hospitalière de France (FHF). A moins de trois mois de la Présidentielle 2017, la Fédération a donc lancé, ce vendredi, sa plateforme de propositions pour le prochain quinquennat. L’objectif de ces orientations portées par les directeurs d'hôpitaux : « dessiner un système de santé et des accompagnements médico-sociaux plus justes, plus accessibles, innovants et de qualité ».
Il faut dire que les établissement de santé traversent actuellement une période très difficile. Manque de moyens, urgences saturées, lits insuffisants, les maux ne manquent pas pour établir un diagnostic inquiétant. Celui-ci est d'autant plus rageant pour l'administration hospitalière qu'elle a dû faire 3 milliards d'euros d'économies en 3 ans du fait de plans drastiques. D'où le péril généralisé... Le président de la FHF, Frédéric Valletoux, demande désormais que les efforts soient mieux partagés avec les médecins libéraux et les cliniques. Assumées par le maire LR de Fontainebleau, ces propositions vont sûrement faire bondir les médecins de ville et le secteur privé.
L'hôpital est à bout de souffle, comment en est-on arrivé là ?
Frédéric Valletoux : Quand on voit des taux de fréquentation aux urgences qui augmentent en moyenne de 5 % par an, et cela depuis des années et des années, c'est le signe que les Français ne trouvent pas de solutions en médecine de ville. On a bien vu les problèmes que cette situation a créés au moment de l'épidémie de grippe où trop de patients se sont rendus dans les établissements de santé. S'il y avait un réseau ou un tissu de médecine générale bien réparti sur le territoire, sans doute que les services d'urgences ne rencontreraient pas ces pics de saturation.
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Frédéric Valletoux :
Pour soulager des zones, faut-il limiter la liberté d'installation ?
Frédéric Valletoux : L'hôpital public assume actuellement 90 % des gardes. Il faut donc que les cliniques et les libéraux participent davantage à la permanence des soins. Pour ces derniers, on ne veut pas limiter leur liberté d'installation, mais plutôt l'encadrer. On propose donc au futur ministre de la Santé d'interdire l'installation des médecins libéraux en secteur 2 dans les zones surdenses, de manière à être dissuasif. On ne touche ainsi pas au principe de liberté d'installation mais on rappelle aux professionnels que celle-ci impose des devoirs. Ce n'est pas à la solidarité nationale de financer un médecin qui viendrait de manière excédentaire élargir une offre dans une ville qui est déjà bien pourvue.
Vous souhaitez aussi que certaines pratiques à l'hôpital changent ?
Frédéric Valletoux : L'intérim aujourd'hui est un fléau pour les finances des hôpitaux. On aimerait que les salaires versés aux médecins intérimaires soient plafonnés. Parallèlement, il faut créer une agence nationale pour limiter les abus sur les frais d'intermédiaires, etc. Le but, c'est clair, est de rendre cette activité moins attractive. Nous devons enfin faire en sorte que les établissements puissent mieux rémunérer leurs médecins. Dans certains territoires, la concurrence du privé est trop forte. Les cliniques doivent aussi être plus transparentes quant aux rémunérations qu'elles proposent aux praticiens. De là à dire que dans le privé les rémunérations aussi doivent être plafonnées c'est un autre débat...








