Onco-Uro

Cancers de la vessie : un combiné anticorps conjugué-immunothérapie, nouveau standard de traitement

Dans le carcinome urothélial, les thérapies combinées entre l'immunothérapie et un anticorps conjugué en particulier doublent quasiment la survie globale et la survie sans progression.

  • unomat/istock
  • 23 Oct 2023
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    Malgré la chimiothérapie et l'immunothérapie, la survie à long terme reste médiocre pour les patients souffrant d'un cancer avancé de la vessie. Lors d'un symposium présidentiel au congrès ESMO 2023 (Madrid), des résultats qui vont modifier les standards de traitement ont été présentés dans deux essais de phase III menés chez des patients souffrant d'un carcinome urothélial non traité précédemment, localement avancé ou métastatique non résécable.

    La présentation de l’essai KEYNOTE-A39, en particulier, sur l’association de l'enfortumab vedotin au pembrolizumab comme traitement de première ligne dans le cancer avancé ou métastatique de la vessie, avec sa réduction de 53% du risque de décès, a notamment été applaudie debout par l’ensemble des oncologues présents dans la session.

    Quasi doublement de la survie globale

    Dans cet essai EV-302/KEYNOTE-A39 (LBA6), après un suivi médian de 17,2 mois, l'association de l'enfortumab vedotin, un anticorps conjugué anticorps avec un médicament (ADC) dirigé contre la nectine 4, et du pembrolizumab, double presque la survie médiane sans progression (SSP) (12,5 mois contre 6,3 mois, respectivement ; HR = 0,45 ; IC à 95% 0,38-0,54 ; p<0.00001) et la survie globale médiane (OS) (31,5 mois contre 16,1 mois, respectivement ; HR = 0,47 ; IC à 95% 0,38-0,58 ; p<0,00001) par rapport à la chimiothérapie (cisplatine ou carboplatine plus gemcitabine), chez 886 patients souffrant d'un carcinome urothélial localement avancé ou métastatique et n'ayant pas été traités précédemment.

    L’enfortumab vedotin plus pembrolizumab conduit également à une augmentation significative du taux de réponse globale par rapport à la chimiothérapie (67,7% contre 44,4%, respectivement ; p<0,00001). Les effets indésirables de grade ≥3 les plus fréquents pour l'enfortumab vedotin comprenaient des réactions cutanées (15,5%), une neuropathie périphérique (6,8 %) et une hyperglycémie (6,1%).

    Un essai en première ligne

    Dans une autre étude de phase III, l'essai CheckMate 901 (LBA7) objective un effet bénéfique d'une combinaison initiale de chimiothérapie et d'immunothérapie. L'ajout du nivolumab à la chimiothérapie (gemcitabine-cisplatine) prolonge de manière significative la durée médiane de survie (21,7 mois contre 18,9 mois ; HR = 0,78 ; IC à 95% 0,63-0,96 ; p=0,0171) et la durée médiane de survie sans progression (7,9 mois contre 7,6 mois ; HR = 0,72 ; IC à 95% 0,59-0,88 ; p=0,0012) par rapport à la chimiothérapie seule après un suivi médian de 33,6 mois chez 608 patients souffrant d'un carcinome urothélial non traité précédemment, non résécable ou métastatique.

    Les taux de réponse objective sont de 57,6% avec l'association nivolumab plus chimiothérapie et de 43,1% avec la chimiothérapie seule, avec des taux de réponse complète de 21,7% et 11,8%, respectivement. Des effets indésirables de grade ≥3 sont survenus chez 62% des patients recevant le nivolumab associé à une chimiothérapie et chez 52% des patients recevant une chimiothérapie.

    Un changement du standard de traitement de 1ère ligne

    Ces deux études sont très significatives pour les patients souffrant d’un carcinome urothélial avancé/métastatique, car il s'agit des premiers essais à remettre en question le standard actuel de traitement de première ligne qui est une chimiothérapie à base de platine.

    Commentant ces résultats, le Dr Andrea Apolo, des National Institutes of Health, Bethesda, États-Unis, a déclaré : « Les résultat de cette étude (EV-302/KEYNOTE-A39) étaient attendus depuis longtemps car, pendant plus de vingt ans, la chimiothérapie à base de platine a été le standard de traitement et il est très excitant que nous ayons maintenant identifié une combinaison de traitements qui est supérieure à la chimiothérapie en termes de survie globale ». « Les données concernant l'enfortumab vedotin et le pembrolizumab sont particulièrement impressionnantes et cette combinaison deviendra clairement le nouveau standard de traitement de ce cancer pour cette cohorte de patients ».

     

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    JDF