Hématologie

Belantamab-mafodotin en monothérapie : analyse rétrospective de l’ATU nominative

Le belantamab-mafodotin est un anticorps conjugué armé, dirigé contre le BCMA. Cette analyse des patients traités dans le cadre de l’ATU nominative française montre que cette molécule a une efficacité intéressante chez des patients ayant un myélome avancé, en échec des traitements standard, avec une toxicité ophtalmologique fréquente, mais peu sévère.

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  • 23 Mai 2023
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    Le belantamab-mafodotin (BM) est un anticorps monoclonal dirigé contre le BCMA (B-cell maturation antigen), couplé à un cytotoxique, la monométhyl auristatine F.

    Un essai rétrospectif a inclus les patients ayant reçu ce traitement dans le cadre de l’ATU nominative ouverte en France, entre Novembre 2019 et Décembre 2020.

    Des patients atteints de myélome avancé

    Cette étude a inclus 106 patients présentant un myélome multiple en rechute ou réfractaire, ayant reçu au moins 3 lignes de traitement incluant un immunomodulateur (IMiD), un inhibiteur du protéasome et un anti-CD38.

    L’âge médian est de 66 ans (min-max 37–82). La population présente des facteurs de mauvais pronostic avec une cytogénétique de haut risque chez 40,9 % des patients (27/66), une maladie extra-médullaire chez 14% (13/93), 56,7% de triple-réfractaires et 11,3 % de penta-réfractaires.

    Des taux de réponse intéressants et durables

    Les patients ont reçu en médiane 3 cycles de BM (min-max 1-22). Le taux de réponse globale est de 38,1%. La meilleure réponse est atteinte en 2 mois (min-max 0–14.03), la durée médiane de réponse est de 9 mois (min-max 4.65-10.4).

    La survie sans progression est de 3,5 mois (IC95% : 1.9-4.7), et la survie globale médiane de 9,3 mois (IC95%: 5.9-15.3).

    La toxicité ophtalmologique est fréquente mais peu sévère

    La toxicité principale de ce traitement est ophtalmologique, observée chez 48% des patients. Il s’agit en majorité de kératites (81,3%) et de baisse d’acuité visuelle (4,8%), en majorité de grade 1-2 (55%) ; il n’a pas été observé de grade 4. Ces effets secondaires ont conduit à une modification de traitement chez 30% des patients. Les autres effets secondaires sont la toxicité hématologique (15,4%) et les réactions liées à la perfusion (9,6%).

    Ces résultats de vie réelle sont cohérents avec les données de l’essai clinique DREAMM-2 (Lonial et al, Lancet Oncol 2020).

    Conclusion

    Ce traitement présente une efficacité modérée, qui est intéressante chez des patients réfractaires aux classes thérapeutiques classiques, en permettant chez certains des réponses durables. Malheureusement, ce médicament n’est plus disponible en France à ce jour, en raison d’une amélioration du service médical rendu jugée insuffisante.

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    JDF