Pneumologie

Infection à VRS du sujet âgé : deux vaccins prometteurs

  Deux vaccins en cours d'évaluation réduisent la survenue et la sévérité des infections respiratoires à VRS chez les sujets de plus de 60-65 ans, avec une tolérance vaccinale acceptable. Des résultats optimistes en attente des essais de phase 3 . D’après un entretien avec Elodie BLANCHARD.

  • 18 Mai 2023
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    Deux études, dont les résultats sont parus en février 2023 dans le New England Journal of Medicine, ont cherché à évaluer l’efficacité et la tolérance de deux des quatre vaccins contre le VRS en cours d’étude, destinés à la personne âgée. Le premier travail porte sur un vaccin à vecteur viral non réplicatif codant pour la protéine F en conformation de pré-fusion. Il s’agit d’une étude contrôlée, randomisée, en double aveugle, de phase 2b, vaccin versus placebo, au cours de laquelle 5782 sujets de 65 ans et plus ont été inclus. Le second article rapporte les données d’un essai de phase 3 testant l’efficacité et la tolérance d’un vaccin sous-unitaire protéique adjuvanté versus placebo, ayant inclus plus de 24 000 participants de 60 ans et plus. . Le critère de jugement principal était le nombre et la sévérité d’infections respiratoires à VRS A et B, survenus dans les 6 mois suivants.

     

    Une très bonne efficacité du vaccin de la première étude

    Le docteur Elodie BLANCHARD, pneumologue dans le service des Maladies Respiratoires du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, rappelle que quatre vaccins contre le VRS sont en cours de développement actuellement. Le premier essai porte sur un vaccin à vecteur viral non réplicatif qui code pour la protéine F de pré-fusion du VRS et qui confère une immunogénicité importante. La phase 2 a été un succès et la phase 3 est en cours d’analyse.  Cet essai a inclus 5782 sujets de 65 ans et plus, avec ou sans comorbidités, qui ont été randomisés dans le bras vaccin ou placebo. Plus de 40% des patients étaient considérés comme des sujets à risque. Elodie BLANCHARD précise que des variations peuvent apparaitre d’une étude  à l’autre  selon la définition des infections des voies aériennes basses utilisées par les auteurs.  Elle souligne également que le nombre d’événements respiratoires étaient plus bas qu’attendu, probablement en lien avec les mesures barrières anti-COVID, encore en place lors de ces essais. Toutefois, l’efficacité était  interprétable et a été rapportée comme très bonne notamment chez les patients âgés chez qui l’immunosénescence rend la réponse vaccinale généralement moins bonne. De plus, en cas d’infection, le temps médian de retour à l’état de base usuel du patient après infection a été plus court quand le sujet était vacciné. Concernant la tolérance, elle a été correcte, avec essentiellement des douleurs au point d’injection. Elodie BLANCHARD estime donc que l’efficacité vaccinale est bonne pour tous les types de patients inclus,  quel que soit leur âge ou leurs comorbidités, et que la tolérance est bonne , malgré quelques limites à ce travail, au cours duquel les co-infections n’ont pas été recherchées alors que l’on connait le taux élevé de ces co-infections, avec des symptômes aspécifiques du VRS. Une phase 3 incluant plus de 20 000 patients est attendue.

     

    Une seconde étude convaincante  à plus grande échelle

    L’autre article rapporte les données d’un essai de phase 3 testant l’efficacité et la tolérance d’un vaccin sous-unitaire protéique adjuvanté versus placebo. Cet essai a inclus plus de 12 000 patients dans chaque bras, dont 40% avaient au moins un facteur de risque de gravité Le critère de jugement principal était la survenue d’une infection respiratoire basse, plus ou moins sévère. Au total, 7 infections ont été relevées chez les 12 000 patients inclus. Ce faible chiffre est probablement biaisé par les mesures barrières anti-COVID alors en place, comme dans la 1ère étude rapportée. Toutefois, Elodie BLANCHARD conclue à une très bonne efficacité vaccinale sur les trois critères : infection respiratoire basse, infection respiratoire sévère et symptômes respiratoires. De plus, les auteurs ont comparé l’efficacité sur le VRS A et sur le VRS B ; les résultats ont été similaires, ce qui est rassurant. L’analyse de la tolérance a simplement retrouvé quelques douleurs et de la fatigue. Cette étude est donc convaincante, malgré un nombre d’évènements peu importants.

     

    En conclusion, plusieurs vaccins contre le VRS sont à l’étude pour prévenir les infections respiratoires à VRS potentiellement graves chez la personne âgée. Les résultats sont encourageants mais les essais de phase 3 sont très attendus pour tirer des conclusions formelles et positionner entre eux  les quatre vaccins en cours d’élaboration.

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