Risques de contamination maîtrisés

Une pétition pour lever l'interdiction des soins funéraires aux séropositifs

Aujourd'hui encore, il est interdit d’effectuer des soins funéraires sur les personnes séropositives ou touchées par les hépatites. Une pétition veut mettre fin à cette discrimination.

  • Par Bruno Martrette
  • Président des Élus locaux contre le sida, initiateur de la pétition pour la levée de l'interdiction de soins funéraires pour les personnes séropositives, IBO/SIPA
  • 06 Jan 2014
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    Comment l’État peut-il pleinement légitimer ces discriminations par-delà la mort ? C'est la question posée par le conseiller régional d'Ile-de-France Jean-Luc Romero dans une pétition lancée il y a quelques jours sur le site change.org. Relayée par Le Monde ce week-end, cette initiative a pour but de mettre fin à l'interdiction des soins funéraires pour les personnes séropositives au VIH/Sida et à une hépatite virale B ou C. Ces soins de conservation qui permettent de préserver les corps de défunts de la décomposition naturelle, et de les présenter avec l'apparence de la vie pour les funérailles, sont en effet interdits à ces populations depuis un arrêté du 20 juillet 1998. Mais pour bon nombre de spécialistes de ces maladies, il s’agit d’une discrimination violente, que rien ne justifie scientifiquement.

    En effet, les plus grands spécialistes du sida assurent que les recommandations universelles en matière de soins funéraires, préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), suffisent pour éviter une contamination. Ainsi, dans des avis récents, le Conseil National du sida (CNS) et le Défenseur des droits se sont déjà prononcés en faveur de la levée de cette interdiction. Par ailleurs, dans un avis récent daté du 20 décembre 2012, le Haut Conseil de Santé publique (HCSP) recommandait aussi la levée de cette interdiction après avoir longtemps adopté une position contraire.
    De plus, dans cette pétition, Jean-Luc Romero rappelle que cette levée était une promesse du précédent Ministre de la Santé, mais que rien n'a bougé.

    Alors, pour tenter d'alerter l'opinion publique sur cette discrimantion toujours effective, Act Up-Paris, une association militante de lutte contre le sida diffusait en décembre 2011 un message de son président, Frédéric Navarro, qui lui-même été confronté aux conséquences d’une telle mesure à la mort de son compagnon de 18 ans Christian (voir la vidéo ci-dessous).



    Source : YouTube

    Enfin, dans une tribune publiée dans Le Plus du Nouvel Observateur fin décembre, le Président d'Élus locaux contre le sida, insistait sur le fait que maintenir cette interdiction constitue également « un non-sens en termes de santé. » Ce militant de la lutte contre le sida indique en effet sur le fait que cette mesure crée « une sécurité bien illusoire pour les thanatopracteurs », personnes dont le métier est d'embaumer les cadavres. La mesure qui consiste à « cocher une case sur un formulaire » peine il est vrai à convaincre, alors que plus de 30 000 personnes sont séropositives et ne connaissent pas leur statut sérologique. Selon lui, « respect de la personne défunte et sécurité de thanatopracteurs peuvent aller de pair. »

    Et visiblement, cette opinion n’est pas seulement celle de l’ensemble des acteurs de la lutte contre le sida. C’est aussi celle de nombreux politiques (Anne Hidalgo...) et personnalités du monde du spectacle (Omar Sy, Nikos Aliagas, Laetitia Hallyday...), mais aussi de beaucoup de Français. En effet, plus de 56 861 personnes ont déjà signé cette pétition sur le site change.org




     
     



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