Absence du chromosome Y
Gènes : Néandertal incompatible avec l’homme moderne
Néandertal et l'homme moderne n'étaient pas faits pour s'entendre. Le chromosome Y du premier est hautement incompatible avec la femme Homo sapiens.
L’alliance entre l’homme moderne et Néandertal n’était pas faite pour durer. Nous n’étions en effet pas compatibles. C’est peut-être pour cela que nos deux espèces n’ont jamais réussi à coexister. Pour la première fois, des chercheurs ont observé le génome d’un Néandertalien du sexe masculin. Leur chromosome Y est totalement absent de notre patrimoine génétique, expliquent-ils dans l’American Journal of Human Genetics. Ils avancent aussi plusieurs éléments qui soutiennent l’hypothèse de l’incompatibilité.
Un grand absent
Dans notre ADN d’homme moderne, 2,5 à 4 % des gènes proviennent de nos cousins néandertaliens. Une part non négligeable qui s’explique par notre cohabitation, il y a plusieurs millénaires. Mais si nous nous sommes reproduits avec cette branche de l’humanité depuis disparue, un grand absent subsiste : le chromosome Y et les gènes qu’il porte. « Nous n’avons jamais observé d’ADN du chromosome Y sur un échantillon humain qui ait jamais été testé », explique Fernando Mendez.
Deux hypothèses pourraient expliquer cette disparition. La première part du principe que les gènes du chromosome Y ont bien été transmis à l’Homo sapiens, mais qu’ils ont été évacués du patrimoine génétique avec les millénaires.
La seconde théorie est soutenue par ces travaux. Pour l’appuyer, les chercheurs ont séquencé le génome d’un mâle découvert à El Sidron, en Espagne. C’est la première fois que de telles recherches sont réalisées. Jusqu’ici, les chercheurs s’étaient intéressés à des fossiles de femmes ou à de l’ADN mitochondrial – qui est transmis par la mère à l’enfant.
Des fausses-couches sélectives
Le chromosome Y, transmis par le père, semble hautement incompatible avec la grossesse. Les chercheurs rappellent qu’un gène provenant de ce segment d’ADN a été impliqué dans un rejet de greffon masculin vers une femme. Ils ont aussi découvert trois variations majeures par rapport à l’homme moderne, des antigènes d’histocompatibilité mineurs (H-Y). Ils ont une fonction similaire aux antigènes HLA, qui sont vérifiés afin d’assurer qu’un organe ne sera pas rejeté en cas de greffe.
Dans le cas d’une grossesse, la présence de ces antigènes pourrait provoquer une réaction immunitaire contre le fœtus et une fausse-couche. Cela expliquerait l’absence de gènes provenant du chromosome Y : aucun fœtus mâle n’aurait pu parvenir à terme dans ces conditions. Cette théorie semble d’autant plus fiable qu’actuellement, des avortements spontanés surviennent chez des fœtus mâles pour des raisons similaires. Une piste solide donc, mais que les chercheurs veulent confirmer à l’aide d’expériences plus poussées.