Le pyriproxyfène

Zika et microcéphalie : un insecticide pointé du doigt

Des experts argentins suggèrent que le pyriproxyfène, un insecticide largement utilisé en Amérique latine, pourrait expliquer l'explosion du nombre de cas de microcéphalie. 

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • Felipe Dana/AP/SIPA
  • 16 Fév 2016
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    Les milliers de cas de microcéphalie en Amérique latine ne seraient pas liés au virus Zika, selon des scientifiques argentins. Le pédiatre Eduardo Avila Vasquez et son équipe, membres de l'association des Médecins des peuples fumigés, suggèrent dans un rapport que cette malformation congénitale pourrait être liée à l’épandage intensif du pyriproxyfène.

    Ce larvicide, recommandé par l’OMS, est utilisé depuis des années dans cette région du monde pour éradiquer le moustique Aedes aegypti, vecteur de la dengue, du chikungunya et le Zika. Pour les scientifiques argentins, l’aspersion par avion de ce produit chimique dans des réservoirs d’eau potable pourrait avoir provoqué l’explosion du nombre d’enfants atteints de microcéphalie.

    Pour étayer son hypothèse, Eduardo Avila Vasquez souligne que le pyriproxyfène a été utilisé dans les Etats du Nordeste brésilien où sont apparus le plus grand nombre de cas de microcéphalie. Cependant, des enfants ont été diagnostiqués dans des zones qui n’ont jamais été traités comme Recife.


    Aucune preuve scientifique

    De ce fait, de nombreux experts d’Amérique latine et le ministère de la Santé brésilien dénoncent les propos du médecin. « Il n’existe aucune étude épidémiologique démontrant une association entre l’utilisation de pyriproxyfène et la microcéphalie. Le ministère utilise uniquement des larvicides recommandés par l’OMS. Produits soumis à un processus d’évaluation rigoureux de l’OMS », ont martelé, ce lundi, les autorités brésiliennes. Par précaution, le Brésil a toutefois suspendu l’utilisation de ce produit dans un état frontalier avec l’Argentine.

    De son côté, l’Agence onusienne relève l’absence d’argument accusant cet insecticide. « Les experts de l’OMS ont examiné les données fournies par le fabricant et n’ont trouvé aucune indication » prouvant que le larvicide « ait des effets sur la reproduction et le développement, a indiqué au Monde le siège de l’OMS.  Ils ont noté que l’Agence de protection environnementale américaine et les enquêteurs de l’Union européenne sont parvenus à des conclusions similaires lorsqu’ils ont récemment effectué séparément une analyse du produit ».
    En outre, les experts ajoutent que ce larvicide est éliminé à plus de 90 % par les urines 48 heures après que la personne a été exposé.  Les tests sur les animaux n’ont rien mis en évidence sur les descendance.


    De nombreuses rumeurs

    Par ailleurs, les autorités sanitaires brésiliennes ont confirmé le lien entre le virus Zika et la microcéphalie pour 404 enfants. Des calcifications et des lésions spécifiques à une infection virales ont été observés chez ces enfants. Des signes également rapportés lors d’autopsie d’enfants mort-nés, et chez qui un taux élevé de virus Zika a été détecté dans les tissus cérébraux.

    Reste que le lien n’est pas établi scientifiquement. Une absence de certitude qui alimente de nombreuses rumeurs et soupçons. Après les vaccins défectueux contre la rubéole, les moustiques OGM, les pesticides sont les nouveaux accusés.
    D’ici quelques jours, ces suspicions devraient se dissiper puisque l’OMS devrait se prononcer clairement sur le lien entre le virus Zika et les syndromes neurologiques observés chez les personnes infectées (microcéphalie et syndrome de Guillain-barré).

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    JDF