Microbes
Avions, hôpitaux : l'air y est plus sain qu’on ne l’imagine
Contredisant certaines idées reçues, une étude américaine basée sur l’analyse de masques usagés montre que l'air des avions et hôpitaux contient surtout des microbes non pathogènes, issus de la peau humaine.
- Par Stanislas Deve
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Et si les microbes flottant dans l'air des avions et des hôpitaux n'étaient pas si menaçants ? C’est la surprenante conclusion d’une étude américaine publiée dans la revue Microbiome, qui a utilisé des masques faciaux usagés (et un filtre d’avion) comme outils de détection. Verdict : l’air de ces lieux fermés, aseptisés et très fréquentés contient surtout des bactéries inoffensives... provenant de notre propre peau.
Des masques transformés en outils scientifiques
Menée par Erica M. Hartmann, experte en microbiomes intérieurs à l’Université Northwestern, cette recherche est la première à analyser l’air de lieux confinés via des masques portés en conditions réelles. L'idée a germé pendant la pandémie de Covid-19, où les voyageurs s’interrogeaient sur la qualité de l'air dans les avions.
Après avoir renoncé à analyser des filtres HEPA d'avions (trop coûteux et complexes à extraire des appareils, ils n’ont pu s’en procurer qu’un seul), les chercheurs ont opté pour une solution simple : collecter des masques portés par des passagers aériens et des soignants en milieu hospitalier. Ces masques ont révélé 407 espèces microbiennes différentes, principalement des bactéries cutanées humaines.
Contrairement à certaines peurs, les microbes présents dans l'air des hôpitaux et avions sont rarement pathogènes. Les bactéries dominantes sont inoffensives, issues de la peau humaine et de l’air intérieur – et non des maladies. "Sans surprise, les types de bactéries retrouvés étaient ceux que nous associions généralement à l'air intérieur, résume Erica M. Hartmann dans un communiqué. L’air intérieur [dans les avions et les hôpitaux] ressemble à n’importe quel air intérieur, qui ressemble à la peau humaine."
Les humains, principale source de microbes en suspension
Les différences d’airs entre hôpitaux et avions sont minimes, ce qui montre que les gens eux-mêmes sont la principale source de microbes en suspension. Si quelques gènes de résistance aux antibiotiques ont été détectés, preuve que l’antibiorésistance progresse, leur présence n’implique pas de danger immédiat, selon les scientifiques.
L’étude montre qu’il est possible, grâce à l’analyse de masques, de surveiller la qualité de l’air avec des méthodes simples, peu coûteuses et non invasives. Elle rappelle aussi que la transmission de maladies passe souvent plus par le contact direct que par l’air ambiant : "L’hygiène des mains reste une méthode efficace pour prévenir les infections", insiste la chercheuse.










