Alimentation

Cancer : manger des choux pour booster l’efficacité de l’immunothérapie

Un composé, appelé indole-3-carbinol, présent dans les crucifères réactive les lymphocytes T cytotoxiques, qui identifient et détruisent les cellules tumorales lors d’une immunothérapie.

  • Ekaterina Bubnova/iStock
  • 04 Décembre 2025
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    Chou, radis, brocolis, cresson, navet, roquette… La consommation de ces légumes est essentielle pour rendre efficace certains traitements contre le cancer. C’est ce qu’a montré des chercheurs de l’Institut Curie et l’Inserm dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Communications. Au cours des recherches, ils sont partis d’un constat : "l'immunosurveillance du cancer et la réponse au traitement sont influencées par des facteurs environnementaux, notamment la nutrition. Cependant, les effets directs des nutriments individuels restent mal compris."

    Avec l’indole-3-carbinol, l’immunothérapie est efficace chez 50 à 60 % des animaux

    Pour les travaux, l’équipe a ainsi ciblé un nutriment : l’indole-3-carbinol. Il s’agit d’une molécule présente en grandes quantités dans les crucifères (plantes dicotylédones dont la fleur présente quatre pétales en forme de croix). Afin d’examiner son rôle dans l’efficacité de certains traitements d’immunothérapie (par inhibiteur de point de contrôle immunitaire anti-PD1), ellea comparé l’efficacité de cette térapie chez des animaux ayant reçu deux régimes alimentaires différents : l’un contenant l’indole-3-carbinol et l’autre, non. L’immunothérapie est efficace chez 50 à 60 % des rongeurs ayant ingéré de l’indole-3-carbinol. En revanche, lorsqu’on supprime ce composé, l’efficacité du traitement diminue à 20 %. Ainsi, "nous montrons que l’indole-3-carbinol est nécessaires à l'efficacité optimale du traitement anti-PD1", ont précisé les auteurs.

    "En l’absence d’indole-3-carbinol, les lymphocytes ne sont pas capables de récupérer leurs fonctions"

    Selon les résultats, ce composé présent dans les crucifères favorise la réactivation, induite par l’immunothérapie, des lymphocytes T cytotoxiques (CD8) épuisés et active leur réponse fonctionnelle, qui se caractérise par la capacité de reconnaître les cellules tumorales et de les détruire. "En l’absence d’indole-3-carbinol dans le régime alimentaire, les lymphocytes ne sont pas capables de récupérer leurs fonctions", a déclaré Elodie Segura, directrice de recherche Inserm.

    Car oui, pour rappel, les cellules cancéreuses sont capables d’inactiver les cellules du système immunitaire, évitant ainsi au cancer d’être attaqué par les cellules cytotoxiques ou "tueuses". Ici, l’indole-3-carbinol se fixe à un facteur de transcription appelé Aryl Hydrocarbon Receptor (AhR), notamment exprimé dans les lymphocytes T cytotoxiques, d’après les chercheurs.

    "Nos travaux permettent de mieux comprendre le rôle des nutriments dans les réponses immunitaires antitumorales. Pour les patients, ces données pourraient permettre d’optimiser les régimes alimentaires afin d’assurer l’efficacité des traitements",
    a conclu la directrice qui souligne la nécessité de confirmer ces résultats avec des études cliniques dédiées chez des patients atteints de cancer.

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