Répression des fraudes
Applications de fertilité : une fiabilité contestée
Les applications de suivi menstruel permettraient de prédire l’arrivée des règles, la période d’ovulation ou encore d’éviter une grossesse. Elles ne sont pourtant ni fiables ni réglementées, selon la Répression des fraudes.
- Par Stanislas Deve
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- SeventyFour / istock
Clue, Flo, Glow... Elles promettent de vous aider à connaître votre cycle menstruel, à prévoir votre ovulation et même à éviter une grossesse. Mais ces applications de suivi menstruel, "parmi les plus téléchargées" en France, tiennent-elles réellement leurs promesses ? Une enquête menée en 2024 et 2025 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) alerte sur des risques bien réels pour les utilisatrices.
Des promesses trompeuses et un manque de fiabilité
Grâce aux données personnelles qu’elles recueillent, certaines plateformes laissent croire qu'elles peuvent se substituer à une contraception fiable. On y retrouve des mentions comme "éviter de tomber enceinte" ou encore "tomber enceinte facilement et rapidement". Le problème ? Elles "expos[ent] ainsi les utilisatrices à un risque de grossesse non désirée", avertit la DGCCRF. "Le risque zéro n'existe pas, le cycle d'une femme peut être différent de la fois d'avant, abonde Amélie, une utilisatrice contactée par RTL. Maintenant, je fais très attention". L’enquête de la Répression des fraudes a également mis en lumière des pratiques commerciales douteuses : clauses abusives, mentions exonérant les éditeurs de toute responsabilité en cas d’erreur, incitations à souscrire rapidement à des offres payantes – une dizaine d’euros par mois – via des techniques de manipulation (faux comptes à rebours, promotions à durée soi-disant limitée...). Toujours au micro de RTL, certaines femmes témoignent de cette pression commerciale. Comme Laetitia, qui se dit inondée de publicités pour les formules payantes dès qu’elle ouvre son application : "Il faut cinq clics pour accéder à mes données". Les plateformes, en effet, "collectent de nombreuses données personnelles", selon la DGCCRF, parfois sans cadre clair ni consentement éclairé – la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) en a d'ailleurs été informée.
"Ça ne correspond jamais aux tests d’ovulation urinaires"
Sur les neuf applications contrôlées, la Répression des fraudes a adressé quatre demandes de mise en conformité avec la réglementation des dispositifs médicaux – dont une a conduit au retrait d'une application du marché français – et émis quatre injonctions pour pratiques commerciales trompeuses.
La DGCCRF insiste : ces outils ne disposent pas du statut de dispositif médical, requis par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour garantir leur fiabilité. Camille, une autre utilisatrice citée par RTL, reste lucide : "Ce n’est pas fiable. Mes amies m’ont dit que ça ne correspondait jamais aux tests d’ovulation urinaires". Si ces applications peuvent être utiles pour suivre ses règles, elles ne doivent donc, en aucun cas, être considérées comme des moyens de contraception ou d’aide à la conception. ????️ Applications de suivi des règles et de la fertilité : souvent payantes, elles collectent des données physiologiques. Nous avons contrôlé 9 des applications les plus téléchargées dont les opérateurs sont en Europe, aux États-Unis et en Asie.
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