Oncologie
Le risque de cancer diminue-t-il vraiment avec l’âge ?
Selon une nouvelle étude, être très âgé serait plutôt un atout face au cancer. Chez des souris, des chercheurs américains ont observé que les plus vieilles avaient des tumeurs moins agressives.
- Par Diane Cacciarella
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- Pedro Araoz/iStock
62,4 % des cas de cancers en 2017 touchaient des personnes de plus de 65 ans, selon l’Institut national du cancer (INCa). Chez les 85 ans et plus, la même année, ce pourcentage était de 11,5 %. D’après ces chiffres, le cancer toucherait donc moins les personnes très âgées. Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Aging, les chercheurs de l’Université de Stanford, aux États-Unis, ont peut-être trouvé la raison.
Trois fois moins de tumeurs pulmonaires chez les souris très âgées
Dans leurs travaux, ils ont modifié génétiquement des souris pour qu’elles soient atteintes d’un cancer des poumons. Résultats : ils ont observé que les plus âgées développaient trois fois moins de tumeurs pulmonaires que les plus jeunes. Ces tumeurs étaient aussi moins agressives.
"Le modèle classique du cancer postule qu’avec l’âge, on accumule des facteurs délétères sous forme de mutations, explique Dmitri A. Petrov, l’un des auteurs, dans un communiqué. Et lorsque ces facteurs s’accumulent suffisamment, un cancer se développe. Après un certain âge, cela devrait être presque inévitable, non ? Or, ce n’est pas ce que l’on observe ; à partir d’un certain point, le vieillissement semble plutôt constituer une forme générique de suppression du cancer.”
Les souris très âgées moins sensibles à l’inactivation de gène
Pour comprendre ce phénomène, des chercheurs ont travaillé en particulier sur un gène très important dans le développement du cancer, appelé PTEN. En temps normal, celui-ci aide l’organisme à combattre la tumeur. En laboratoire, les chercheurs ont donc inactivé PTEN chez toutes les souris pour qu’il ne remplisse plus cette fonction. Encore une fois, les jeunes animaux étaient bien plus impactés : suite à cette inactivation, elles ont développé beaucoup de tumeurs, ce qui n’était pas le cas des très âgées.
"L'inactivation de PTEN s'est avérée avoir un effet beaucoup plus prononcé chez les jeunes souris”, assure Emily Shuldiner, première auteure de l'étude. Une mutation de ce gène, impliquant son inactivation, serait donc moins bien moins dangereux pour les rongeurs très âgés. "Cela suggère que l'effet d'une mutation donnée, ou l'efficacité des thérapies anticancéreuses ciblant des mutations spécifiques, pourrait différer entre les jeunes et les personnes âgées”, poursuit-elle.
À terme, l’équipe espère pouvoir mettre au point des traitements adaptés à chaque tranche d’âge. En France, en 2017, 115.158 décès par cancer ont été enregistrés chez les 65 ans et plus, contre 37.305 chez les personnes âgées de 85 ans et plus.










