Sommeil
Le secret d’une bonne nuit se cache-t-il dans notre microbiote ?
Des recherches récentes montrent que notre sommeil est influencé par les bactéries de notre intestin. Celles-ci produisent des molécules qui régissent en partie nos cycles veille-sommeil.
- Par Stanislas Deve
- Commenting
- Povozniuk / istock
Alors que le stress, les écrans ou le travail perturbent déjà nos nuits, une variable que l’on soupçonnait moins pourrait bien jouer un rôle crucial : notre microbiote intestinal. Selon plusieurs travaux récents, compilés par la chercheuse Madeline Barron dans un article publié par la Société américaine de microbiologie (ASM), les microbes qui peuplent notre tube digestif influencent non seulement la durée, mais aussi la qualité de notre sommeil.
Des bactéries qui nous aident à dormir
Le lien entre intestin et sommeil n’est pas nouveau, mais la recherche ne cesse de progresser. On sait que le microbiote, cet ensemble des micro-organismes présents dans notre intestin, interagit avec le cerveau via l'axe intestin-cerveau. Certaines bactéries produisent des molécules comme les muramyldipeptides (MDP), issus des parois bactériennes, qui passent dans la circulation sanguine, traversent la barrière hémato-encéphalique et déclenchent des réponses favorisant le sommeil.
Comment ? Ces peptides agissent en stimulant des cytokines régulatrices du système immunitaire, impliquées dans le cycle veille-sommeil. Les chercheurs ont observé que chez des animaux privés de sommeil, l’injection de liquide céphalo-rachidien à un autre sujet provoque un endormissement rapide. Le facteur identifié étant : un composant bactérien.
Contrairement à ce qu'on pensait, le sommeil n'est pas régi uniquement par des circuits globaux du cerveau. Selon la chercheuse Erika English, citée dans l’article, des régions locales du cerveau peuvent entrer en "mode sommeil" de manière autonome. Le sommeil serait donc aussi un phénomène cellulaire, activé en partie par des signaux bactériens.
Diversité microbienne et qualité du sommeil
Autre enseignement, les recherches sur l’animal mais aussi chez l’humain montrent qu'un microbiote diversifié est lié à une meilleure efficacité du sommeil. Certaines souches de bactéries comme Bifidobacterium ou Lactobacillus montrent un effet positif sur le sommeil. Un essai a même démontré que des étudiants prenant un probiotique de Bifidobacterium avant des examens dormaient mieux que ceux sous placebo.
A l’inverse, les troubles du sommeil comme l’insomnie ont été associés à une moindre présence de bactéries productrices d’acides gras à chaîne courte (AGCC), des molécules bénéfiques pour la santé métabolique et neuronale.
"Le sommeil, c’est le troisième pilier du bien-être avec l’alimentation et l’activité physique. Comprendre comment les microbes influencent la qualité de nos nuits pourrait changer notre approche de la santé mentale", conclut le professeur John Cryan, cité par l'article de l'ASM.










