Santé mentale
Une avancée prometteuse dans le traitement de l’anxiété et de la dépression
Des chercheurs ont découvert qu'un ensemble de neurones pourrait être lié à la dépression et à l’anxiété.
- Par Diane Cacciarella
- Commenting
- kieferpix/iStock
17 % des Français sont affectés par des troubles anxieux et 14 % souffrent d’un état dépressif, selon l’Assurance maladie. Pour aider ces patients, un suivi psychothérapique peut être mis en place associé, pour les cas de dépression modérée ou sévère, à la prise d’antidépresseurs. Néanmoins, comme le précise l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ces traitements ne sont efficaces que dans près de 70 % des cas. Beaucoup de chercheurs travaillent actuellement à augmenter ce pourcentage.
Des neurones hyperactifs dans l’amygdale
Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue iScience, des scientifiques de l’Institute for Neurosciences (CSIC–Universidad Miguel Hernández d’Elche), en Espagne, viennent de faire une découverte importante. Ils ont identifié un ensemble de neurones dont l’hyperactivité pourrait être liée à l’anxiété et la dépression. Plus important encore, ils ont réussi à rétablir ce dysfonctionnement.
Les neurones en question sont situés dans l'amygdale, une zone du cerveau impliquée dans le traitement des émotions. “Nous savions déjà que l'amygdale était impliquée dans l'anxiété et la peur, mais nous avons maintenant identifié une population spécifique de neurones dont le déséquilibre suffit à déclencher des comportements pathologiques”, explique Juan Lerma, l’un des auteurs, dans un communiqué.
En laboratoire, les scientifiques ont travaillé sur des souris présentant des symptômes d'anxiété et de repli social. Les rongeurs étaient génétiquement modifiés pour surexprimer le gène Grik4, ce qui avait pour conséquence de déclencher une hyperactivité neuronale.
Lors de leur expérience, les chercheurs ont normalisé l'expression du gène Grik4 dans les neurones de l'amygdale, ce qui a réduit l’hyperactivité des neurones. “Ce simple ajustement a suffi à inverser les comportements liés à l'anxiété et aux déficits sociaux”, explique Álvaro García, premier auteur de l'étude.
Vers des traitements ciblés
Ensuite, les chercheurs ont appliqué le même protocole sur des souris normales, dont le gène Grik4 n’était pas surexprimé mais qui présentaient naturellement des niveaux d'anxiété élevés. Résultat : en agissant sur le gène Grik4, elles étaient moins anxieuses. “Cela valide nos résultats et nous conforte dans l'idée que le mécanisme que nous avons identifié n'est pas exclusif à un modèle génétique spécifique”, souligne Juan Lerma.
Les conclusions de l’étude sont encourageantes. Les chercheurs comptent poursuivre leurs travaux dans l’espoir, à terme, de développer une thérapie ciblée sur les circuits neuronaux pour traiter les patients atteints de ces troubles de santé mentale.
Depuis la pandémie de la Covid-19, la santé mentale s’est dégradée en France. Cet enjeu de santé publique, déclaré grande cause nationale 2025, nous concerne tous : au cours de sa vie, une personne sur quatre va souffrir d’un trouble mental, précise l'Assurance maladie.











