État confusionnel
Démence : certains antihistaminiques augmentent le risque chez les patients âgés hospitalisés
Les seniors admis à l’hôpital par des médecins prescrivant des doses plus élevées d'antihistaminiques de première génération sont plus susceptibles de présenter un délirium durant leur séjour.
- Par Geneviève Andrianaly
- Commenting
- Lighthaunter/iStock
Urticaire, anaphylaxie… Face à ces affections liées à l'histamine, une molécule de signalisation du système immunitaire, des antihistaminiques de première génération (chlorphénamine, prométhazine, dexchlorphéniramine, cyproheptadine, diphénhydramine, triprolidine…) sont recommandés. Problème : ces médicaments peuvent être prescrits de manière inappropriée, alors qu’ils figurent parmi les principales causes d'effets indésirables médicamenteux chez les personnes âgées.
Le délirium "correspond à des troubles cognitifs"
Dans une nouvelle étude, des scientifiques de l’université de Toronto (Canada) ont voulu évaluer l'association entre la prescription d'antihistaminiques de première génération par les médecins des hôpitaux et le délirium chez les patients âgés. Le délirium ou syndrome confusionnel "correspond à une affection cérébrale aiguë se traduisant par des troubles cognitifs notamment attentionnels, des possibles troubles comportementaux et une modification de la vigilance, d’apparition brutale et d’évolution fluctuante, en lien avec un facteur médical. (…) Il concerne jusqu’à plus de 30% des patients âgés hospitalisés, et est associé à de nombreuses complications (séjour hospitalier plus long, diminution de l’indépendance, déclin cognitif, augmentation de la mortalité)", indique les Hospices Civils de Lyon (HCL).
Plus de seniors hospitalisés dans un état confusionnel en cas de doses élevées d'antihistaminiques de première génération
Pour les recherches, l’équipe a analysé les données de 328.140 personnes âgées de 65 ans et plus, admises par 755 médecins traitants dans 17 hôpitaux de l'Ontario, entre 2015 et 2022. Au total, 11.507 adultes ont reçu une prescription d'antihistaminique de première génération. Selon les résultats, la prévalence globale du délirium était de 34,8 %. Les patients admis par des médecins qui prescrivaient plus fréquemment des antihistaminiques de première génération présentaient un risque accru de 41 % de présenter un état confusionnel, contrairement à ceux admis par des praticiens qui prescrivaient rarement des antihistaminiques de première génération. "Chaque augmentation absolue de 1 % de la prescription d'antihistaminiques de première génération était associée à une hausse de 8 % du risque de délirium", peut-on lire dans les résultats.
"Nous espérons que notre étude sensibilisera les médecins hospitaliers au fait que les antihistaminiques sédatifs peuvent être nocifs et doivent être prescrits avec prudence", a conclu Aaron M. Drucker, qui a participé aux travaux parus dans la revue Journal of the American Geriatrics Society.









