Œstrogènes
Parkinson : pourquoi le cerveau des femmes serait-il mieux protégé ?
Les femmes atteintes d’un trouble du sommeil lié à la maladie de Parkinson subissent moins d’atrophie cérébrale que les hommes. Une différence qui pourrait s’expliquer par l’action protectrice des œstrogènes sur le cerveau.
- Par Stanislas Deve
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Sont-elles naturellement mieux armées contre certaines maladies neurodégénératives ? Une étude canadienne, publiée dans la revue Nature Communications, révèle un fait surprenant : les femmes atteintes d’un trouble du sommeil précurseur de la maladie de Parkinson présentent beaucoup moins d’atrophie cérébrale que les hommes, alors même que les symptômes cliniques sont similaires. Une découverte qui pourrait orienter la recherche vers de nouvelles approches de traitements hormonaux.
Un trouble du sommeil à surveiller
On sait que le trouble du comportement en sommeil paradoxal isolé (caractérisé par des mouvements brusques pendant le sommeil) constitue un signal d'alerte précoce fiable pour plusieurs maladies neurodégénératives, dont Parkinson, causées par l'accumulation d'une protéine toxique dans le cerveau. Plus de 70 % des personnes qui en souffrent développeront l’une de ces pathologies. "Ce trouble du sommeil permet d’étudier les mécanismes de la neurodégénérescence avant que les symptômes moteurs ou cognitifs majeurs apparaissent", peut-on lire dans un communiqué.
Parmi les 687 participants recrutés dans neuf pays, les chercheurs de l’Université de Montréal ont constaté que 37 % du cortex cérébral des hommes montrait une atrophie (diminution de l’épaisseur du cortex dans le cerveau) contre seulement 1 % chez les femmes. "Les hommes présentent un amincissement du cortex beaucoup plus étendu, notamment dans les zones liées au mouvement, à la vision et à l'orientation spatiale", précisent-ils.
La piste des œstrogènes comme traitement
Cette différence marquée pourrait s'expliquer, selon les auteurs, par une plus forte activité de certains gènes associés aux récepteurs liés aux œstrogènes, en particulier le gène ESRRG. Ce gène joue un rôle clé dans le fonctionnement des mitochondries, la production d’énergie cellulaire et la survie des neurones à dopamine, ceux-là même qui dégénèrent dans Parkinson.
Cette étude confirme l’intérêt de considérer le sexe comme une variable biologique clé dans les essais cliniques. "On se rapproche d'une médecine de précision où les traitements pourraient être adaptés non seulement à la maladie, mais aussi aux caractéristiques biologiques individuelles, dont le sexe", estiment les scientifiques. L'œstrogène pourrait, à terme, devenir une piste sérieuse de traitement et de prévention pour les pathologies comme Parkinson.











