Génétique
Faut-il limiter son cholestérol pour éviter la démence ?
Une vaste étude génétique révèle que les personnes ayant un cholestérol naturellement bas tout au long de leur vie présentent un risque bien moindre de développer une démence.

- Par Stanislas Deve
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Chaque soir, des millions de personnes prennent des statines pour diminuer leur taux de cholestérol et ainsi protéger leur cœur. Mais si ces mêmes médicaments aidaient aussi à préserver leur mémoire et leur cerveau ? Une nouvelle étude génétique suggère en effet que le cholestérol joue un rôle clé dans le déclin cognitif, et que le contrôler tôt dans la vie pourrait réduire le risque de démence, à commencer par la maladie d'Alzheimer.
Des gènes protecteurs contre la démence
Pour arriver à cette hypothèse, détaillée dans la revue Alzheimer’s & Dementia, les chercheurs de l'Université de Bristol (Royaume-Uni) ont analysé les données de plus d'un million de personnes au Danemark, au Royaume-Uni et en Finlande. Leurs résultats sont sans appel : les individus dotés de gènes qui maintiennent naturellement un faible taux de cholestérol ont jusqu'à 82 % de risque en moins de développer une démence. "C'est comme si la nature avait mené une expérience à l'échelle de toute une vie", expliquent les auteurs dans un communiqué. Parmi les gènes observés, ceux qui imitent les effets des statines ou d'autres médicaments tels que l'ézétimibe semblent offrir une véritable protection.
Pourquoi un faible taux de cholestérol protège-t-il le cerveau ? Tout comme il bouche les artères du cœur, le cholestérol peut obstruer les vaisseaux qui irriguent le cerveau, provoquant de petits accidents vasculaires cérébraux (AVC) silencieux. Ces "micro-lésions" cumulées sur des décennies mènent à la perte de mémoire. L'idée n'est pas nouvelle : il y a plus d'un siècle, le médecin qui a décrit la maladie d'Alzheimer avait déjà observé un durcissement des artères cérébrales chez ses patients.
Une lueur d'espoir pour le cerveau
Attention, cette étude ne signifie pas qu'il suffit de commencer les statines à 65 ans pour éviter la démence. "Les essais cliniques menés chez les personnes âgées n'ont pas montré d'effet significatif sur la prévention cognitive", rappellent les chercheurs. Le mal est souvent déjà fait. En revanche, maintenir un taux de cholestérol bas tout au long de la vie semble bénéfique. En d’autres termes, la prévention doit commencer bien plus tôt que prévu.
Avec 50 millions de cas de démence dans le monde aujourd'hui, et trois fois plus prévus d'ici 2050 selon l'ONU, l'enjeu est immense. Alors que les traitements actuels sont coûteux et peu efficaces, l'activité physique, une bonne hygiène de vie, le contrôle de la tension, du diabète et du cholestérol offrent une voie de prévention efficace. "Ce qui est bon pour votre cœur l’est probablement aussi pour votre cerveau", concluent les scientifiques.