Pollution

Des "herbicides et des résidus pharmaceutiques" contaminent le littoral français

Un rapport, dressant un état des lieux inédit des contaminants chimiques d’intérêt émergent, révèle la présence de traces de pesticides, de médicaments et biocides dans les eaux littorales.

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  • 21 Octobre 2025
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    Quel est l’état chimique et écologique des eaux littorales ? Pour répondre à cette question, des scientifiques principalement de l’Ifremer, du CNRS et de l’université de Bordeaux ont, entre 2021 et 2024, fait des prélèvements sur l’ensemble du littoral métropolitain, plus précisément de "la Manche jusqu’à la Méditerranée, en passant par la façade atlantique, sur des sites exposés à des apports d’origines urbaines, industrielles, agricoles ou portuaires dans une logique de continuum terre-mer." Ces derniers se sont concentrés sur l’eau marine et les mollusques. Par la suite, ils ont recherché 102 substances organiques et 21 composés métalliques.

    Des herbicides, des médicaments et des biocides antisalissures retrouvés dans l’eau marine et sur les mollusques

    Sur la base des résultats obtenus et des profils de risques identifiés pour les écosystèmes marins, les substances ont été "priorisées" : 51 ont été identifiées en eau marine et 31 sur les mollusques. Les données ont montré que, dans l’eau marine, la contamination était majoritairement dominée par les herbicides, comme les métabolites de l’atrazine et du métolachlore (à savoir deux substances agricoles désormais interdites), et les résidus pharmaceutiques, en particulier le paracétamol.

    Du côté des mollusques, la contamination était principalement associée aux biocides antisalissures, qui sont utilisés pour éviter que les coques de bateaux ne se couvrent d’organismes marins, et aux herbicides. "Même un secteur plus isolé, comme l’île d’Ouessant, au large de la Bretagne, présente des traces de pesticides et de médicaments", peut-on lire dans le rapport du projet Emergent’Sea.

    Des "seuils écotoxiques à définir" pour évaluer le risque pour les écosystèmes marins

    "Tous les points échantillonnés présentent des contaminations. C’est la première fois qu’une campagne d’une telle ampleur est réalisée au niveau du littoral : ça nous donne une vision générale de la contamination sur l’ensemble du littoral, pour plus d’une centaine de substances",
    a déclaré, à l’AFP, Isabelle Amouroux, responsable de l’unité Contamination chimique des écosystèmes marins à l’Ifremer. D’après les chercheurs, cette étude met en évidence le manque de seuils écotoxiques robustes. Sans ces derniers, il est difficile de caractériser les risques pour le milieu marin. "Ces seuils resteront à définir pour les substances qui seront sélectionnées et intégrées dans la future réglementation française."

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