Stress
Dépression : la piste des psychédéliques pour en venir à bout
De nouvelles études révèlent le potentiel des psychédéliques pour réparer les effets du stress chronique sur le cerveau et soigner la dépression, entre autres troubles psychiatriques.

- Par Stanislas Deve
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Et si des drogues récréatives, interdites et considérées comme dangereuses, pouvaient offrir une nouvelle voie pour soigner la dépression, l’anxiété ou le stress post-traumatique ? C’est l’hypothèse très sérieuse soulevée par une analyse publiée dans la revue Psychedelics par des chercheurs chinois. Leur article propose une synthèse des mécanismes neurobiologiques par lesquels des substances psychédéliques comme la psilocybine (des champignons hallucinogènes), le LSD ou même la MDMA pourraient révolutionner les traitements des troubles psychiatriques liés au stress.
Un potentiel de réparation du cerveau
Selon le Pr Xiaohui Wang et ses confrères, le stress chronique est souvent un facteur clé du développement de maladies mentales. Il active de manière prolongée l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), provoquant des modifications structurelles du cerveau. Or, les traitements classiques, comme les antidépresseurs ou la thérapie cognitivo-comportementale, ne suffisent pas toujours à soulager durablement les patients. C’est ce "vide thérapeutique" qui relance aujourd’hui l’intérêt scientifique pour les psychédéliques.
Ces substances agissent principalement sur les récepteurs de la sérotonine 2A (5-HT2A), présents dans les zones du cerveau impliquées dans l’humeur et les émotions. C’est une des "hormones du bonheur". Cette activation favoriserait la neuroplasticité et l’activité des neurones, contrecarrant ainsi les effets néfastes du stress prolongé. Des études montrent par exemple que la psilocybine augmente le facteur neurotrophique BDNF... tout comme les antidépresseurs.
Au-delà de la sérotonine
L’article cite plusieurs essais cliniques prometteurs. Une seule dose de psilocybine a réduit les symptômes de dépression pendant plusieurs semaines chez des patients résistants aux traitements. Dans une autre étude, environ 67 % des patients atteints de stress post-traumatique ne remplissaient plus les critères diagnostiques après une psychothérapie assistée par MDMA. La substance agit surtout sur les émotions en réduisant les réactions de peur et en facilitant l’accès aux souvenirs traumatiques.
Les effets anti-inflammatoires de la psilocybine, jusqu’ici encore peu explorés, pourraient aussi protéger le cerveau du stress. L’article suggère d’examiner des marqueurs immunitaires et le cortisol, l’hormone du stress, pour mieux comprendre ces associations. La recherche sur le potentiel des psychédéliques n’en est qu’à ses débuts. Ce qui est sûr, selon les auteurs, c’est qu’ils "offrent un véritable potentiel pour contrer les effets destructeurs du stress chronique".