Coronavirus
Covid long : un biomarqueur clé identifié
Le taux d'une protéine spécifique, liée au système immunitaire, pourrait servir de biomarqueur caractéristique des formes longues de Covid-19.

- Par Mégane Fleury
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- quantic69/ISTOCK
Des symptômes persistants plusieurs semaines après l’infection. Les formes longues de la Covid-19 toucheraient 4 % des personnes infectées par la maladie. Pourtant, plus de cinq ans après le début de la pandémie, cette pathologie reste mystérieuse. Dans Frontiers in Immunology, une équipe de l’université de médecine de Vienne, en Autriche, révèle avoir découvert un biomarqueur caractéristique des formes longues de Covid-19.
Des protéines spécifiques à la phase aiguë de la Covid-19
Ces travaux ont été réalisés à partir d’échantillons sanguins de 141 patients, infectés par le virus. Les prélèvement ont été effectués 10 semaines, puis 10 mois après la phase aiguë. Les scientifiques ont analysé les taux de protéines caractéristiques de cette phase aiguë, puis ils ont comparé les concentrations avec celles de 98 sujets témoins non-infectés. "Les protéines de la phase aiguë sont des composants du système immunitaire inné qui sont rapidement libérés dans la circulation sanguine lors d'une infection afin de prévenir les infections et de contrôler les processus inflammatoires et de réparation associés, précisent les auteurs. Pendant la phase aiguë de la COVID-19, des concentrations sériques élevées de plusieurs des protéines de ce groupe sont associées à des conséquences cliniques graves, voire mortelles."
Pentraxine 3 : des taux élevés plusieurs semaines après la phase aiguë de Covid-19
En temps normal, ces marqueurs reviennent à leurs valeurs initiales quelques jours après la fin de l'infection aiguë. "Cependant, cette étude a montré pour la première fois que ce n'est pas le cas pour la pentraxine 3 (PTX-3)", préviennent les auteurs. Au cours des travaux, ils ont découvert que les concentrations de cette protéine, associée au système immunitaire, restaient significativement plus élevées chez les patients ayant connu une évolution sévère de la maladie persistant dix semaines après l’infection. "De plus, certains de ces patients présentaient encore des concentrations de PTX-3 significativement plus élevées dix mois après la phase aiguë, comparativement aux patients atteints d'une forme légère de la maladie ou aux sujets témoins non infectés", poursuivent-ils.
Covid long : mieux comprendre les mécanismes de la maladie
Selon eux, ces taux élevés pourraient indiquer des mécanismes de réparation tissulaire ou la présence de résidus persistants de SARS-CoV-2 dans l’organisme. "La PTX-3 pourrait ainsi servir de biomarqueur des lésions tissulaires persistantes et/ou de l'activation immunitaire à long terme, entraînant d'éventuelles complications après la Covid-19", estime Rudolf Valenta, co-auteur de l’étude. Son collègue et co-auteur, Bernhard Kratzer, souligne que d’autres études scientifiques ont établi un lien entre l'activation immunitaire prolongée, due aux processus de réparation et aux composants viraux résiduels dans l'organisme, et le développement des formes longues de Covid-19. "Notre étude apporte des informations supplémentaires importantes sur ces mécanismes", conclut le chercheur.