Royaume-Uni
FIV : 8 bébés sont nés du mélange de 3 ADN… et ils sont en bonne santé
Huit bébés en bonne santé sont nés d'une FIV à 3 ADN, une procédure autorisée au Royaume-uni qui sert à protéger d'une pathologie génétique grave transmise par la mère, appelée maladie mitochondriale.

- Par Sophie Raffin
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En 2015, le Royaume-Uni a autorisé l'utilisation d’une méthode de procréation assistée un peu particulière : la FIV à 3 personnes. Aussi appelée “remplacement mitochondrial” ou “don de mitochondrie”, elle consiste à combiner l'ovule de la mère et le sperme du père avec l’ovule d'une donneuse. L’objectif : empêcher que les enfants développent la maladie mitochondriale incurable, invalidante et potentiellement mortelle dont leur mère est porteuse.
Et cela marche ! Les chercheurs de l’université de Newcastle révèlent que huit bébés en bonne santé sont nés grâce à cette technique. Leurs travaux ont été présentés dans deux articles du New England Journal of Medicine (NEJM).
Bébés à 3 ADN : ils ne présentent aucun signe de maladie mitochondriale
"Les huit bébés ne présentent aucun signe de maladie mitochondriale, explique l’équipe de recherche britannique. Les enfants, quatre filles et quatre garçons, dont une paire de jumeaux identiques, sont nés de sept femmes présentant un risque élevé de transmission de maladies graves causées par des mutations de l'ADN mitochondrial", explique l'équipe dans son communiqué.La majorité des enfants ne présentaient aucune trace des mutations de l'ADN mitochondrial pathogène de leur mère. Seuls trois nourrissons affichaient de faibles taux dans leur sang à la naissance, allant de 5 % à 16 %. Toutefois, ces niveaux restent bien inférieurs au taux de 80 % “requis” pour développer la maladie. Pour les chercheurs, il est donc peu probable que ces petits soient touchés par la pathologie génétique rare en grandissant. Autre signe encourageant : l'enfant qui avait le taux le plus faible (5 %), n'avait plus aucune trace détectable d’ADN pathogène à son suivi dès 18 mois.
L’identité des petits nés à la suite d'un don mitochondrial et de leurs parents n’a pas été divulguée. Certaines mamans ont accepté de témoigner anonymement. "En tant que parents, tout ce que nous voulions, c'était de donner à notre enfant un bon départ sain dans la vie. La FIV du don mitochondrial a rendu cela possible. Après des années d'incertitude, ce traitement nous a donné de l'espoir, puis il nous a donné notre bébé. Nous la regardons maintenant, pleine de vie et de possibilités, et nous sommes submergés de gratitude. La science nous a donné une chance", confie la mère d’une petite fille. Une autre ajoute de son côté : "Grâce à cet incroyable progrès et au soutien que nous avons reçu, notre petite famille est complète. Le fardeau émotionnel de la maladie mitochondriale a été levé, et à sa place se trouve l'espoir, la joie et la profonde gratitude." Les enfants nés grâce à cette procédure devraient être suivis jusqu’à l’âge de cinq ans.
FIV par don mitochondrial : comment ça marche ?
La technique utilisée pour la FIV à 3 personnes, connue sous le nom de transfert pronucléaire, est effectuée après la fécondation de l'œuf. Dans un premier temps, les scientifiques prélèvent le génome nucléaire (qui contient tous les gènes essentiels à nos caractéristiques individuelles, par exemple, la couleur et la taille des cheveux) de l’ovule de la maman porteuse de la mutation de la maladie mitochondriale. Puis, ils le transfèrent dans l’ovule de la donneuse qui a été au préalable vidé de son propre génome nucléaire.
"L'embryon résultant hérite de l'ADN nucléaire de ses parents, mais l'ADN mitochondrial est principalement hérité de l'ovule donné", expliquent les chercheurs. Ainsi le bébé hérite de la majeure partie de l’ADN de ses parents et d’une infime quantité de la donneuse, environ 0,1 %. En plus de ne pas avoir de maladie mitochondriale, les enfants ne peuvent pas non plus la transmettre à leur descendance."La maladie mitochondriale peut avoir un impact dévastateur sur les familles. Les nouvelles d'aujourd'hui offrent un espoir à beaucoup plus de femmes à risque de transmettre cette maladie, qui ont maintenant la chance d'avoir des enfants qui grandissent sans cette terrible maladie", explique le professeur Sir Doug Turnbull de l'université de Newcastle.L’incidence des maladies mitochondriales est d'une naissance sur 5.000. Selon les estimations, il y a environ 200 nouveaux cas par an en France.