Traitement

Cancer du sein : la pilule abortive pourrait réduire les risques

Des preuves indiquent que la pilule abortive mifépristone pourrait aider à réduire les risques de cancer du sein. Mais ses liens avec l'IVG entravent les recherches, déplorent des scientifiques internationaux.

  • Carl Lokko/istock
  • 17 Aoû 2025
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    La mifépristone est le premier des deux médicaments qu’il faut prendre à 24-48h d'intervalle pour mettre fin à une grossesse lors d’une IVG médicamenteuse (jusqu’à la fin de la 7e semaine de grossesse). Mais des scientifiques internationaux assurent que cette pilule n’est pas qu’abortive, elle pourrait aussi prévenir le développement du cancer du sein chez les femmes ayant des risques élevés de développer la maladie.

    Mifépristone : 3 études montrent son potentiel face au cancer du sein

    Dans leur article paru dans la revue The Lancet Obstetrics, Gynecology, & Women's Health, les auteurs indiquent que les effets protecteurs de la mifépristone contre le cancer du sein chez les femmes à haut risque, par exemple celles portant la mutation BRCA1 ou BRCA2, ont été mis en évidence dans 3 études précliniques, menées en 2008, 2022 et 2024. Le médicament qui est un modulateur sélectif des récepteurs de la progestérone, réduit la prolifération de l'épithélium mammaire, les cellules où le cancer prend sa source dans 95 % des cas.

    Mais le rôle de la mifépristone dans les IVG médicamenteux, les restrictions d'accès à l'avortement dans certains pays ainsi que les faibles investissements pharmaceutiques empêchent la réalisation de recherches plus poussées sur les capacités du médicament à lutter contre le cancer du sein.

    Cancer du sein : "il est grand temps de donner à la mifépristone l'opportunité qu'elle mérite"

    "Il est profondément décevant que l'application réussie de la mifépristone dans un domaine de la médecine clinique (l’IVG, NDLR) entrave des recherches plus approfondies sur d'autres indications qui pourraient profiter à la santé publique", notent les huit coauteurs experts en santé reproductive ou en cancérologie dans leur article. "Il est grand temps de donner à la mifépristone l'opportunité qu'elle mérite d'être étudiée comme option non-chirurgicale pour la prévention primaire [du cancer du sein]", ajoutent-ils.

    D’autant plus que les femmes à haut risque de cancer du sein ont des options thérapeutiques limitées, ajoutent les spécialistes. Si les traitements chirurgicaux comme la mastectomie réduisent les risques de cancer, elles affectent la qualité de vie et "les preuves d'un bénéfice sur la mortalité sont rares".

    Les soins non-chirurgicaux, tels que les modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes, ont une faible efficacité contre les cancers du sein avec un mauvais pronostic (par exemple le triple négatif) et la toxicité peut souvent conduire à une mauvaise adhésion.

    "Des efforts de collaboration sont nécessaires pour accélérer la recherche sur la mifépristone en tant qu'option de réduction des risques non-chirurgicale. Surmonter les obstacles actuels est essentiel pour développer les stratégies de prévention, en particulier pour les femmes à haut risque de cancer du sein dans le monde entier", conclut l’équipe.

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    JDF