Attention

Smartphones chez les enfants : trop d’infos, pas assez de sens ?

Au-delà des risques du smartphone pour la santé mentale, un chercheur met en garde contre la "surcharge informationnelle" : un flot de données inutiles qui étouffe l’essentiel et capte l’attention.

  • dolgachov / istock
  • 12 Aoû 2025
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    Les enfants français acquièrent leur premier smartphone à 11 ans et quatre mois en moyenne, selon une récente étude de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique réalisée par Ipsos média. Les discussions portent souvent sur les risques pour la santé mentale ou sur le temps passé devant les écrans, au détriment des interactions sociales ou de la nature. Mais un chercheur rappelle un autre enjeu majeur : la surcharge informationnelle.

    Quand le bruit efface le signal

    "Avec chaque innovation qui facilite la communication, la qualité de l'information transmise diminue", explique Dorje C. Brody, professeur à l’Université de Surrey (Royaume-Uni), dans un article de The Conversation. Autrefois, un message manuscrit mettait des semaines à parvenir à son destinataire, et n'était envoyé que s'il avait une importance réelle. Aujourd'hui, nous savons "non seulement que le chat du voisin a agacé un chien, mais aussi la vie des chats et chiens d'inconnus sur Internet".

    La science de l'information parle de rapport signal/bruit. Le signal est l'information pertinente, le bruit, tout ce qui est insignifiant. Or, "si le niveau de bruit double, il faut consommer deux fois plus d'informations pour obtenir la même quantité de savoir utile", selon le chercheur. Conséquence : plus d'écrans, plus longtemps.

    Un phénomène inévitable... ou presque

    Ce processus obéit à une loi fondamentale de la nature : la deuxième loi de la thermodynamique. Avec le temps, l'ordre laisse place au désordre. Dans le monde numérique, cela signifie que le bruit finira par dominer. Par exemple, pour un enfant cherchant des informations sur une planète du système solaire, la page trouvée contiendra souvent commentaires, publicités et liens sans rapport. L'œil se perd, l'attention se disperse.

    "Limiter l'accès des enfants à ces technologies rend leur environnement plus calme", souligne le professeur. Un bannissement pur et simple paraît illusoire, mais les parents peuvent "créer un environnement où ils peuvent dire non à un smartphone, ou instaurer un dialogue ouvert et transparent sur son usage".

    Face à l'avalanche d'informations, il ne s'agit donc pas seulement de réduire le temps d'écran, mais aussi de restaurer la valeur du signal. Car dans ce brouhaha permanent, savoir trier devient un apprentissage essentiel.

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    JDF