Psilocybine
Les champignons hallucinogènes peuvent-ils freiner le vieillissement ?
La psilocybine, molécule des champignons hallucinogènes, pourrait ralentir le vieillissement cellulaire en préservant la longueur des télomères et en réduisant le stress oxydatif, selon une équipe de chercheurs.

- Par Stanislas Deve
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Ils pourraient vraiment être "magiques". La psilocybine, molécule active des champignons psychédéliques, aurait le potentiel de ralentir le vieillissement cellulaire et ainsi de prolonger notre espérance de vie. C’est du moins ce que suggère une étude récente menée par des chercheurs du Baylor College of Medicine, aux États-Unis, et publiée dans la revue npj Aging.
Des effets sur les télomères et le stress oxydatif
La psilocybine est déjà bien connue pour ses effets sur le cerveau, notamment dans le traitement de la dépression ou de l’anxiété. Mais ses impacts en dehors du système nerveux restaient très peu étudiés. "L’immense majorité de ce que nous savons sur la psilocybine concerne ses effets sur le cerveau. Mais nos résultats suggèrent qu’elle a également des propriétés anti-âge sur l’ensemble du corps", affirment les chercheurs dans un communiqué.
Les chercheurs ont testé la molécule sur des cellules humaines et sur des souris âgées, équivalentes à des humains sexagénaires. Les résultats sont prometteurs : la psilocybine permettrait de prolonger la durée de vie cellulaire jusqu'à 57 %, selon les dosages. Elle agit notamment en préservant la longueur des télomères, ces extrémités des chromosomes qui se raccourcissent avec l'âge, et en réduisant le stress oxydatif.
Par ailleurs, les cellules traitées présentent moins de signes de sénescence – le processus de vieillissement biologique se traduisant par un arrêt irréversible du cycle cellulaire – ainsi qu’une augmentation de l’expression de SIRT1, une protéine clé liée à la longévité. Sur les souris, au-delà d’une meilleure survie, les scientifiques ont observé une amélioration visible de la qualité du pelage, un marqueur indirect mais significatif d’un vieillissement en bonne santé.
Les psychédéliques au-delà des troubles psy
"C’est un résultat très enthousiasmant qui montre que même une intervention tardive peut avoir un effet marqué sur la santé", se réjouissent les scientifiques. Ils appellent toutefois à la prudence. "Il est essentiel de valider ces résultats chez l’Homme. Il reste beaucoup à comprendre, notamment sur les doses optimales et les risques à long terme", préviennent-ils.Bien que préliminaire, cette découverte ouvre un nouveau champ d’exploration dans la recherche sur les psychédéliques, bien au-delà des troubles psychiatriques. Si les effets anti-âge de la psilocybine sont confirmés chez l’Homme, elle pourrait devenir un allié inattendu dans la lutte contre le vieillissement prématuré et les maladies liées à l’âge.