Témoignage patient
Bronchectasie : "Cette maladie fait tousser mais pas souffrir, on ne la prend donc pas au sérieux"
Dès le plus jeune âge, Danielle reçoit un diagnostic de bronchectasie, une maladie chronique des voies respiratoires. Elle nous explique les mesures de prévention qu’elle a adoptées pour moins souffrir de surinfections après avoir été atteinte de deux pneumonies.

- Par Geneviève Andrianaly
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- Panuwat Dangsungnoen/iStock
"Quand j’étais petite, j’avais souvent des bronchites et je souffrais régulièrement de surinfections. J’avais de la fièvre, je toussais beaucoup. Mes parents étaient inquiets et m’ont donc emmené chez notre médecin traitant. Ce dernier nous a orientés vers un pneumologue à Rennes. Malgré le fait que ce soit l’après-guerre et que nous habitions dans la campagne bretonne, un diagnostic a été posé. À l’âge de 4 ou 5 ans, on a appris que j’étais atteint de bronchectasie", raconte Danielle, retraité aujourd’hui âgée de 72 ans. "À l’époque, aucune recherche poussée n’avait été faite, mais plus tard, les praticiens m’ont expliqué que la bronchectasie était le résultat de maladies d’enfance, comme la coqueluche ou la rougeole, dont la vaccination est désormais obligatoire pour les nourrissons." La bronchectasie est la troisième maladie chronique des voies respiratoires la plus fréquente, après l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). "Concrètement, il s’agit d’une dilatation des bronches. Dans ces conduits, assurant le transport de l'air entre la trachée et les alvéoles pulmonaires, on a tous des cils vibratiles présents sur la paroi. Leurs mouvements permettent d’évacuer le mucus. Cependant, lorsque les bronches sont dilatées et donc plus ouvertes, le fonctionnement des cils est altéré, ce qui impacte l’élimination des sécrétions. Ainsi, le mucus va stagner et les premiers microbes vont s’installer et entraîner des infections. En outre, la capacité respiratoire diminue à cause de l’accumulation d’expectorations", explique l’ancienne directrice d’un hôpital parisien. Après le diagnostic, elle bénéficie de séances de kinésithérapie respiratoires, dont le but est de décongestionner les bronches. "À l’école, j’étais dispensée de sport. Durant l’activité physique, la respiration est plus importante, comme durant les séances de kiné. Une accumulation d’expectorations serait survenue et j’aurais dû cracher, mais comme ce n’est très propre et surtout pas bien vu à cet âge-là, mon médecin a préféré me faire un certificat médical pour inaptitude. Le motif n'avait rien à voir avec la bronchectasie, le praticien avait inscrit que pendant le sport, je pouvais attraper froid et donc tousser davantage", se souvient la Francilienne qui a accumulé les absences durant sa vie scolaire en raison des surinfections causées par la dilatation des bronches. "Au collège, j’étais en pension. Étant donné que je n’étais pas avec mes parents, je pensais moins à faire le drainage et je tombais donc très souvent malade." Côté vie professionnelle et personnelle à l’âge adulte, la patiente n’estime pas que la bronchectasie a eu un impact. "Avec cette pathologie, on parvient à vivre normalement. Quand j’avais des surinfections, je prenais des antibiotiques, c’est tout, je ne faisais pas plus attention à ma santé. Et en réalité, c’est ça le piège. Cette maladie fait tousser mais pas souffrir, on ne la prend donc pas au sérieux, car elle n'est pas si gênante. C’est la vision qu’ont également nos proches. Je les entends dire : Danielle tousse tout le temps, mais elle n’est pas si malade que ça." Puis un jour, la septuagénaire a contracté une pneumonie, une infection respiratoire aiguë du tissu pulmonaire. Ensuite, une deuxième pneumonie est apparue. "Je pense que je ne devais pas bien faire la kiné et l’âge devait sans doute jouer aussi. À partir de ce moment-là, j’ai pris la bronchectasie plus au sérieux, car les pneumonies peuvent être graves." Après avoir soigné ces infections, elle s’est tournée vers un centre de référence qui traite la maladie. "Les équipes se concentrent sur la prévention des surinfections. Là-bas, on m’a expliqué que, par exemple, en cas de bronchectasie, les antibiotiques doivent être pris pendant deux à trois semaines, et non sept jours comme il est recommandé pour tout le monde. Les médecins ont également insisté sur l’importance de l’hygiène bucco-dentaire. Étant donné que je suis plus prédisposée à contracter des infections, il faut que j’élimine tout agent pathogène de mon organisme, et donc par exemple de ma bouche. L’accent sur la vaccination a également été mis afin d’éviter que les microbes s’installent dans les poumons." Lors de ces échanges, la Parisienne prend conscience que la prévention est la clé pour mieux gérer la bronchectasie. "Faire de la kinésithérapie respiratoire, une fois par semaine avec le spécialiste et régulièrement à la maison, laver fréquemment son nez, ne pas faire la bise, mettre un masque dans les lieux publics, anticiper et prendre des médicaments contre les problèmes d’estomac même si l’on n’a pas encore mal… Toutes ces mesures, que j’ai adoptées, sont contraignantes, mais c’est le prix à payer pour ne pas avoir de surinfections." En outre, tous les six mois, elle fait un point avec son pneumologue. "On vérifie ma capacité respiratoire et on analyse les résultats de ma prise de sang pour voir s’il y a un risque d’infections. Si c’est le cas, le médecin anticipe et me prescrit un traitement", précise Danielle, qui est bénévole pour l’association Les Bronches Tranquilles.En cas de bronchectasie, "le fonctionnement des cils est altéré" et donc le mucus stagne
Dispensée de sport, car "j’aurais dû cracher" à cause de l’accumulation d’expectorations
Après deux pneumonies, "j’ai pris la bronchectasie plus au sérieux"
Les mesures de prévention "sont contraignantes, mais c’est le prix à payer pour ne pas avoir de surinfections"