Démence
Les jeunes générations présentent un risque moins élevé de déclin cognitif
Une nouvelle étude révèle que les générations plus jeunes ont moins de risques de développer une démence par rapport à leurs aïeuls.

- Par Sophie Raffin
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- fizkes/istock
Selon des estimations réalisées en 2022, le nombre de patients atteints de démence dans le monde devrait presque tripler d'ici à 2050 pour atteindre 153 millions. Toutefois, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le risque de démence est moindre parmi les générations les plus jeunes.
En effet, une nouvelle étude met en évidence qu’une personne âgée de 75 à 80 ans aujourd'hui est moins susceptible de développer un trouble du déclin cognitif qu’une personne du même âge il y a plusieurs décennies. Ces travaux ont été détaillés dans la revue JAMA Network Open le 2 juin 2025.
Le risque de démence est moindre au fil des générations
Pour évaluer les risques de développer la démence de chaque génération, les chercheurs de l’université du Queensland ont repris les dossiers de 62.437 personnes, dont 21.069 des États-Unis, 32.490 d'Europe et 8.878 d'Angleterre. Les participants ont été divisés en 8 cohortes de naissance et 6 groupes d’âge. Le groupe le plus vieux réunissait les personnes nées entre 1890 et 1913 et les plus jeunes étaient nés entre 1944 et 1948. "Cela nous a permis d’examiner comment la prévalence de la démence évolue avec l’âge et entre les générations, tout en tenant compte du moment où les enquêtes ont été menées", explique le Dr Sabrina Lenzen qui a dirigé l’étude, dans un communiqué.
Les résultats révèlent que les personnes nées plus récemment étaient moins susceptibles de souffrir de démence. À titre d’exemple, en Europe, 30,2 % des personnes de 81 à 85 ans nées entre 1934 et 1938 ont développé le trouble neurologique, contre 15,2 % chez celles qui ont vu le jour entre 1939 et 1943. Aux États-Unis, le taux d'octogénaires nés entre 1890 et 1913 souffrant de démence était de 25,1 % contre 15,5 % pour ceux nés entre 1939 et 1943.
"Nous voyons souvent des statistiques qui montrent que les taux de démence augmentent – notre étude ne réfute pas cela, remarque le Dr Lenzen. À mesure que de plus en plus de personnes vivent plus longtemps, le nombre total de personnes diagnostiquées avec une démence va augmenter. Mais, nous avons constaté une diminution statistiquement significative du nombre de personnes atteintes de démence issues de cohortes de naissance plus récentes."Démence : l’obésité et la pollution de l’air pourraient plomber les améliorations
Pour les chercheurs, la réduction des taux de démence parmi les générations les plus jeunes pourrait s’expliquer par les progrès faits en matière de santé cardiovasculaire, d'éducation, de conditions de vie et d'accès aux soins de santé. "Il y a eu beaucoup d’améliorations dans le domaine de l’éducation, en particulier pour les femmes si, par exemple, on compare à la génération du baby-boom", souligne le Dr Lenzen.
Pour elle, s’il y a une forte corrélation entre l’âge et la démence, il faut "comprendre que ce n’est pas seulement l’âge qui est à l’origine de ces apparitions". La scientifique ajoute qu’il est essentiel de poursuivre les investissements dans les campagnes de santé publique, notamment en raison de la hausse importante d’obésité et des problèmes liés à la pollution de l’air. Il s'agit, en effet, de deux facteurs de risque du déclin cognitif et de la démence. "Il n’est donc pas certain que ces tendances (à la baisse) se poursuivent", prévient l’experte.