Greffe
Quand la peau de poisson sauve la vie d'un bébé prématuré
Au Texas, la petite Eliana, née grande prématurée, a été en partie sauvée d’une grave infection grâce à une greffe de peau de poisson, qui a permis de cicatriser sa plaie.

- Par Stanislas Deve
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- Narongkan Wanchauy / istock
Lorsqu'elle voit sa fille de 3 ans jouer avec une poupée Ariel, Krystal DeVos ne peut retenir son émotion. "Je l’appelle ma petite sirène", confie cette maman américaine vivant au Texas. Un surnom qui est loin d’être anodin : peu après sa naissance prématurée, Eliana a été soignée grâce à un traitement à base... de peau de poisson.
Un traitement à base de cabillaud islandais
Née à seulement 23 semaines de grossesse et pesant 450 grammes, la fillette a passé 131 jours en soins intensifs néonataux, rapporte CNN. Elle y a développé une infection grave au niveau du cou, proche d’une fasciite nécrosante (une maladie "mangeuse de chair"), provoquant une plaie profonde et engageant son pronostic vital. Trop fragile pour subir une greffe de peau humaine ou une chirurgie, elle a bénéficié d’une technique inédite : une désinfection au miel médical, puis l’application d’une greffe de peau de poisson.
Déjà utilisée dans certains cas, notamment chez les grands brûlés, "la peau de poisson est microscopiquement si proche de la peau humaine qu’elle permet à la plaie de cicatriser", explique la Dr Vanessa Dimas, chirurgienne plastique pédiatrique à l’hôpital pour enfants Driscoll à Corpus Christi (Texas). Renouvelé tous les trois jours, le produit, issu de cabillaud de l’Atlantique Nord et fabriqué par la société islandaise Kerecis, sert de "pansement biologique" pour la repousse des tissus : les acides gras oméga et autres composants naturels du poisson aident à régénérer la peau. "Une fois sa mission accomplie, la peau de poisson se résorbe naturellement", précise Dimas.
Une cicatrice invisible en 10 jours
Trois jours après la première application, la plaie présentait une nette amélioration. En dix jours, elle était quasiment guérie, sans besoin de chirurgie ni effets indésirables (comme une réaction allergique), et avec une cicatrice aujourd’hui presque invisible. Une prouesse dans un corps aussi petit : Eliana ne pesait que 1,3 kg au moment du traitement.
Si l’utilisation de xénogreffes (tissus issus d’autres espèces) existe déjà, notamment avec la peau de porc, leur usage chez les nouveau-nés reste très rare. Les cas d’Eliana et d’un autre nourrisson ont été présentés en mars dernier lors d’un congrès médical à Barcelone. "Il ne faut jamais avoir peur d’essayer quelque chose de nouveau, conclut Krystal DeVos. La médecine moderne et la foi nous ont offert ce miracle."