Plantes

L’argousier pourrait aider à combattre la Covid-19

Des composés capables d’inhiber le SARS-CoV-2, virus responsable de la Covid-19, ont été découverts dans l’argousier, un arbuste invasif du littéral du nord de la France.

  • Khaligo/istock
  • 05 Jun 2025
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    Et si le remède contre la Covid-19 se trouvait dans les plantes du littoral des Hauts-de-France ? C’est la question que se sont posées les équipes du Dr Karin Séron du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et du Pr Céline Rivière de la Faculté de Pharmacie de Lille. Elles ont alors découvert que l’argousier, un arbuste épineux bien implanté dans les dunes nordistes, abrite des composés actifs contre le virus SARS-CoV-2 ainsi que d’autres coronavirus.

    Les deux scientifiques ont présenté leurs travaux dans The Conversation le 3 juin 2025.

    Argousier : des molécules qui inhibent la Covid-19 et le rhume

    Désireuses de diversifier les sources de molécules antivirales contre la Covid-19, les chercheuses ont décidé d'étudier vingt-deux plantes halophytes du nord de la France. C’est-à-dire qu’elles sont adaptées aux milieux salins. Les équipes se sont particulièrement intéressées aux métabolites qui permettent à ces végétaux de pousser dans ces conditions extrêmes. La salicorne, la criste marine, le saule des dunes, la matricaire maritime ou encore l’oyat ont par exemple été testés. 

    "Le meilleur candidat s’est avéré être un extrait d’argousier. Cette plante indigène, relativement tolérante au sel et à caractère envahissant, pousse dans les massifs dunaires de la région des Hauts-de-France, écrivent-elles. Après un fractionnement bioguidé, des composés actifs ont pu être isolés et identifiés. Les plus prometteurs se sont avérés capables d’inhiber (in vitro) non seulement l’infection par le SARS-CoV-2, mais aussi par le HCoV-229E (un coronavirus connu pour causer des rhumes bénins, NDLR)", préviennent les auteures dans leur article.

    Potentiel antiviral des plantes : un travail de longue haleine

    Pour les équipes de recherche françaises, ces premiers résultats sont prometteurs. "Ils démontrent l’intérêt d’explorer le potentiel antiviral des molécules présentes dans les végétaux", précisent les auteures dans leur article. Elles reconnaissent qu’il reste un travail conséquent avant de pouvoir transformer cette découverte en application clinique. "Il faut en moyenne quinze ans pour qu’une molécule présentant un intérêt arrive sur le marché", expliquent les deux chercheuses, rappelant que le taux d’échec est aussi important. En effet, plus de la moitié des molécules testées en phase III se révèlent non-concluantes.

    Mais, ces travaux sont nécessaires, selon elles. "Il est cependant urgent aujourd’hui de trouver les moyens d’amener ces molécules d’intérêt à un stade plus avancé. En effet, dans l’optique de se préparer à une prochaine épidémie ou pandémie de coronavirus humains, disposer de médicaments actifs contre l’ensemble des coronavirus serait un atout majeur", soulignent-elles.

    Face à la dégradation des milieux naturels et les atteintes de la biodiversité végétale observées ces dernières décennies, les chercheuses plaident également pour qu’une attention particulière soit portée aux programmes de recherche qui ciblent le potentiel thérapeutique des plantes.

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