Essai clinique
Apnée du sommeil : bientôt une pilule pour remplacer le masque ?
Une nouvelle pilule combinant deux molécules s'est révélée efficace contre l’apnée obstructive du sommeil lors d'un essai clinique, réduisant de moitié les interruptions respiratoires et offrant une alternative aux masques nocturnes.

- Par Stanislas Deve
- Commenting
- cherrybeans / istock
C’est une lueur d’espoir pour des millions de patients atteints du syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) et contraints de dormir avec un masque : une nouvelle pilule, à ingérer au coucher, pourrait bientôt changer la donne. Un essai clinique mené sur 646 patients pendant six mois vient de montrer des résultats prometteurs : les interruptions respiratoires durant le sommeil ont chuté de 56 % chez les patients traités par rapport au groupe placebo.
Une alternative aux masques respiratoires de nuit
Le traitement de référence du SAOS, pathologie qui touche près de quatre millions de personnes en France, repose aujourd’hui sur les dispositifs à pression positive continue (PPC), qui envoient de l’air dans les voies respiratoires via un masque porté la nuit. Des machines souvent jugées contraignantes par les concernés. Avec ce nouveau médicament, "on entre enfin dans une médecine du sommeil de précision", se réjouit le Dr Klar Yaggi, spécialiste du syndrome à l’Université Yale (Etats-Unis), dans un article publié dans Science.
La pilule, baptisée AD109, combine deux substances : l’atomoxétine, qui stimule les niveaux de noradrénaline et tonifie les muscles respiratoires, et l’aroxybutynine, qui empêche l’inhibition du muscle clé de la langue (le génioglosse), responsable du maintien des voies aériennes ouvertes. Résultat : moins d’obstructions, une meilleure oxygénation et un sommeil plus stable.
Selon Apnimed, l’entreprise à l’origine du traitement, 22 % des patients ont atteint un contrôle complet de leur maladie, avec moins de cinq épisodes par heure. Un effet bénéfique observé chez des patients avec ou sans obésité, contrairement au médicament tirzépatide (Zepbound), injecté et récemment approuvé, qui cible uniquement les patients obèses.
Des questions encore en suspens
Pour le Dr Najib Ayas, qui a participé à l’essai, des incertitudes demeurent : "On ne sait pas encore si les patients se sentent vraiment mieux, au-delà de l'amélioration des paramètres cliniques." Il faudra également plus de recul pour évaluer les effets à long terme sur les risques cardiovasculaires. Le Dr Sigrid Veasey, spécialiste du sommeil, alerte aussi quant à l’impact possible de l’atomoxétine : "Ce stimulant peut augmenter la fréquence cardiaque et la pression artérielle diastolique. Et même de petits effets peuvent compter." Malgré ces prudences, l’optimisme est de mise. Le comprimé AD109 pourrait en effet offrir un complément, voire une alternative aux traitements existants, avec des effets visibles immédiatement. Une deuxième vaste étude réalisée sur 12 mois est en cours, et une demande d’autorisation auprès de la FDA est attendue pour 2026.