Adolescence

Sommeil : les oiseaux de nuit sont plus impulsifs

À l’adolescence, être couche-tard serait associé à une plus grande impulsivité. Cela a des effets sur la gestion des émotions ou sur la capacité à réaliser des tâches difficiles. 

  • SbytovaMN/ISTOCK
  • 03 Jun 2025
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    À l’adolescence, mieux vaut se coucher de bonne heure. Lors du Congrès SLEEP, un évènement consacré à la médecine et à la science du sommeil organisé à Seattle, des chercheurs ont présenté une étude sur les effets du cycle de sommeil sur la santé mentale des adolescents. Ils démontrent que les jeunes, qui préfèrent se coucher et se lever plus tard affirment ressentir une plus grande impulsivité, par rapport à ceux qui ont tendance à se coucher et se lever plus tôt. 

    Comprendre les liens entre l’impulsivité chez l’adolescent et le sommeil  

    Ces travaux, réalisés par une équipe de l’université de Pittsburgh aux États-Unis, portent sur 210 adolescents, âgés de 17 ans en moyenne. Tous ont répondu à des questionnaires sur leur impulsivité et leurs préférences circadiennes. Ce terme désigne "les horaires de sommeil et de réveil souhaités par un individu", indiquent les auteurs. En parallèle, des échantillons de salive ont été analysés en laboratoire : ils ont permis d’évaluer la phase circadienne, qui correspond à l’apparition de la mélatonine en cas de faible luminosité. La mélatonine est une hormone, dont la production augmente lorsque la luminosité diminue et qui facilite l’endormissement. Pendant une semaine, les participants ont aussi porté un actigraphe au poignet pour évaluer leur sommeil. 

    Sommeil : les adolescents couche-tard se sentent plus impulsifs 

    Les résultats montrent que les adolescents ayant déclaré être plutôt du soir, c’est-à-dire qu’ils préféraient se coucher tard et se lever tard, signalaient davantage de négativité et un manque de persévérance, "deux aspects de l’impulsivité", précisent les scientifiques. "Cela signifie qu'ils étaient plus susceptibles d'agir impulsivement lorsqu'ils ressentaient des émotions négatives et d'abandonner des tâches difficiles, développent-ils. En revanche, aucune association n'a été observée entre la phase circadienne mesurée objectivement et l’impulsivité."

    Agir sur le sommeil pour lutter contre l’impulsivité 

    Pour Riya Mirchandaney, autrice principale et doctorante en psychologie clinique et de la santé, à l’université de Pittsburgh, formule une hypothèse pour expliquer ce constat. "Cela suggère que des facteurs psychologiques ou comportementaux non mesurés pourraient influencer à la fois l'impulsivité et l'auto-évaluation des préférences circadiennes, indépendamment du rythme circadien interne d'un individu", estime-t-elle. Ces premiers résultats pourraient, en tout cas, aider à prévenir certains comportements chez les adolescents : l’impulsivité est un facteur de risque de consommation d'alcool et de substances. "L'adolescence pourrait être une excellente occasion de prévenir les effets indésirables associés à l'impulsivité grâce à des interventions chronothérapeutiques visant à améliorer le sommeil et le rythme circadien", observe la spécialiste.

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