Moustique-tigre
Chikungunya : l’épidémie s’installe à Mayotte
L'archipel de Mayotte est passé en phase épidémie de chikungunya après avoir enregistré une hausse importante de cas la semaine dernière.

- Par Sophie Raffin
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- Insularis/istock
Alors que le chikungunya desserre son étau sur la Réunion, la maladie transmise par le moustique-tigre a gagné en puissance à Mayotte. Face à l’accélération de la transmission du virus sur l’archipel de l’océan indien, les autorités sanitaires ont placé le département d’outre-mer en phase épidémique.
Chikungunya : une hausse des cas de 42 % en 7 jours à Mayotte
"Depuis le 26 mai, Mayotte est passée en épidémique (phase 3 du plan ORSEC « Arboviroses », correspondant à une épidémie de faible intensité). Cette évolution du niveau d’alerte fait suite à une accélération marquée de la transmission du virus chikungunya sur l’ensemble du territoire, avec un nombre de cas confirmés en constante augmentation depuis plusieurs semaines", explique Santé publique France dans son bulletin de surveillance épidémiologique publié ce lundi 2 juin 2025.Au total, 560 cas confirmés de chikungunya ont été enregistrés depuis mars, dont 204 uniquement sur la semaine du 19 au 25 mai. Par ailleurs, cela représente une hausse de 42 % par rapport à la semaine précédente où 144 cas avaient été dénombrés.
"Comme observé depuis le début de la circulation du virus du chikungunya à Mayotte, les 15-64 ans restent les plus touchés. À la semaine 21 (du 19 au 25 mai, NDLR), cette tranche d’âge comptabilisait 440 cas depuis le début de la circulation du virus sur le territoire, soit une hausse de 67 % par rapport à la semaine 20. Les 15-64 ans représentent à ce jour près de 80 % de l’ensemble des cas enregistrés à Mayotte", précise le rapport.Les experts notent que le virus du chikungunya circule dans tout l’archipel, "avec une concentration persistante des cas dans les communes de Mamoudzou, Pamandzi, Dzaoudzi". Depuis l’arrivée du chikungunya sur l’île en mars, 15 hospitalisations ont été enregistrées au total, dont cinq enfants de moins d’un an et huit femmes enceintes. En revanche, aucun patient n’a nécessité de prise en charge en réanimation, et aucun décès n’a été signalé.
Chikungunya à Mayotte : une épidémie potentiellement sous-estimée
Si les chiffres transmis sont déjà assez inquiétants, Santé Publique France prévient que "la situation réelle pourrait être largement sous-estimée" à Mayotte. En effet, les services d’urgences font face à des tensions hospitalières qui limitent “la capacité à identifier, documenter et confirmer les cas suspects de chikungunya”. De plus, "le recours aux soins demeure partiel pour une partie de la population, notamment dans les zones les plus isolées ou précaires", précisent les experts.
"L’ensemble de ces éléments contribue à une sous-déclaration probable des cas, affectant la représentativité des données disponibles. Dans ce contexte, les indicateurs épidémiologiques doivent être interprétés avec prudence, car les tendances observées pourraient ne refléter qu’une partie de la réalité sanitaire sur le terrain", ajoutent-ils.Devant la "probabilité élevée" d'une épidémie pouvant mettre à mal un système de santé déjà très fragilisé, une campagne de vaccination va être lancée. Elle ciblera les personnes à risque (hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires, respiratoires ou neurovasculaires) âgées de 18 de 64 ans n’ayant jamais contracté le virus, et tiendra compte des spécificités de santé de la population mahoraise, comme les "comorbidités à des stades avancés en nombre important notamment".
Par ailleurs, "conformément à l’avis HAS du 25 avril 2025", la vaccination des 65 ans et plus est suspendue "suite aux signalements d’effets indésirables graves, dont un décès sur le territoire de la Réunion".