Maladie chronique

Les femmes atteintes d’endométriose présentent un risque important de développer un Covid long

Alors que plus de 200 millions de personnes dans le monde souffrent aujourd’hui de Covid long, une nouvelle étude vient jeter la lumière sur un facteur de risque jusqu’ici peu exploré : l’endométriose.

  • Natabene/istock
  • 02 Jun 2025
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    Récemment publiée dans la revue BMC Women’s Health, cette recherche révèle une association entre l’endométriose et le fait de développer un Covid long. Elle a été menée par une équipe franco-suisse composée de chercheurs de l’Hôpital Foch, de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) et de l’Université de Fribourg, sous la direction du Pr Jean-Marc Ayoubi et du Dr Alexandre Vallée.

    Covid long et endométriose :  deux maladies chroniques

    Le Covid long, ou affection post-COVID-19, se caractérise par la persistance de symptômes au-delà de huit semaines après l’infection par le SARS-CoV-2. Ces symptômes incluent notamment une fatigue intense, des troubles cognitifs, des douleurs musculaires et articulaires, un essoufflement ou encore des perturbations du cycle menstruel. Selon Santé publique France, près de 2 millions de personnes étaient concernées en 2022, avec des symptômes persistants parfois au-delà d’un an. Les femmes apparaissent particulièrement touchées, avec une prévalence estimée à 10,2 %, contre 5,3 % chez les hommes.

    Malgré les répercussions du phénomène, le Covid long reste mal compris et peu de recherches se sont intéressées aux facteurs de risque spécifiques aux femmes.

    En parallèle, l’endométriose est une maladie chronique touchant environ 10 % des femmes en âge de procréer. Elle se manifeste par la présence de tissu endométrial en dehors de l’utérus, entraînant douleurs pelviennes, troubles menstruels et parfois infertilité. L’endométriose est également marquée par une inflammation chronique, des déséquilibres hormonaux et des mécanismes auto-immuns — des éléments que l’on retrouve également dans les hypothèses physiopathologiques du Covid long.

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes : +41 % de risque

    Dans cette étude, les résultats sont clairs : les femmes atteintes d’endométriose présentent un risque accru de 41 % de développer un Covid long par rapport à celles qui n’en souffrent pas. La prévalence du Covid long était de 16,2 % chez les patientes atteintes d’endométriose, contre 10 % chez les autres femmes.

    Cette corrélation reste significative même après ajustement pour des variables telles que l’âge, les antécédents médicaux et le statut socio-économique.

    Lien entre covid long et endométriose : quelles sont les causes possibles ?

    Selon les auteurs, plusieurs mécanismes pourraient expliquer cette vulnérabilité accrue chez les femmes atteintes d’endométriose. L’inflammation chronique systémique, les déséquilibres hormonaux, l’auto-immunité, ainsi qu’une expression accrue des récepteurs ACE2 dans les tissus endométriosiques (porte d’entrée du virus dans les cellules humaines) sont autant de pistes à investiguer. « Il est intéressant de constater que plusieurs mécanismes proposés dans le développement du Covid long – inflammation chronique, troubles de la coagulation, auto-immunité – sont également présents dans la physiopathologie de l’endométriose », souligne le Dr Alexandre Vallée.

    Le Pr Jean-Marc Ayoubi ajoute : « Cette étude met en évidence la nécessité d’une prise en charge personnalisée pour les femmes atteintes d’endométriose, potentiellement plus exposées aux complications post-Covid. »

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