Enquête
Santé mentale : attention à la désinformation sur TikTok
Plus de la moitié des 100 vidéos TikTok les plus populaires sur la santé mentale propagent de fausses informations, selon une récente enquête du Guardian.

- Par Diane Cacciarella
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- hapabapa/iStock
Anxiété, dépression, gestion des traumatismes… Les réseaux sociaux promettent de répondre à toutes vos questions en termes de santé mentale. Mais le contenu est-il vraiment fiable ? La plupart du temps, les conseils sont trop généraux, inadaptés, voire totalement faux, selon une enquête du journal britannique The Guardian.
Plus de la moitié des vidéos TikTok contiennent de fausses informations
Les journalistes viennent de publier les résultats d’une enquête jugeant la pertinence des 100 vidéos les plus populaires du réseau social TikTok sous le hashtag #mentalhealthtips. Ces clips, censés vous donner des “conseils en santé mentale”, ont été analysés par des psychologues, des psychiatres et des chercheurs universitaires. Résultat : 52 comportent de fausses informations et 48 des conseils peu pertinents et généraux “qui ne sont pas forcément applicables à tout le monde”, indique David Okai, neuropsychiatre consultant et chercheur en médecine psychologique au King's College de Londres, qui a participé aux travaux.
Pour faire illusion et générer des vues, les influenceurs utilisent du vocabulaire spécifique - trouble mental, anxiété, bien-être - qui rendent ces vidéos d’autant plus crédibles. Problème : quand ce n’est pas faux, c’est parfois exagéré. Certaines vidéos “pathologisent des émotions et expériences du quotidien, laissant entendre qu'elles correspondent à un diagnostic de maladie mentale sévère, souligne Dan Poulter, ancien ministre de la Santé et psychiatre. Cela fournit de fausses informations à un public vulnérable et peut aussi minimiser la réalité vécue par les personnes atteintes de troubles mentaux graves”.
Pour attirer, les formules chocs et percutantes sont aussi de mise sur les réseaux sociaux. Ces vidéos proposent donc des “solutions” universelles à des troubles psychologiques pourtant complexes et qui se manifestent différemment d’un individu à l’autre. L’inverse donc, d’un contenu scientifique et médical.
“Chaque vidéo donne l'impression que tout le monde vit le trouble de stress post-traumatique de la même façon, avec des symptômes similaires, et que tout peut s'expliquer en 30 secondes, insiste Amber Johnston, psychologue et spécialiste des traumatismes. En réalité, ce trouble est une expérience très personnelle, propre à chacun, et nécessite l'accompagnement d'une personne qualifiée (...) TikTok diffuse de fausses informations en laissant croire qu'il existe des conseils universels (…) qui peuvent en fait renforcer le sentiment d'échec chez ceux pour qui ces conseils ne fonctionnent pas.”
TikTok régule et prône la liberté d’expression sur son réseau social
TikTok assure contrôler les contenus postés par ses utilisateurs et met en avant leur liberté d’expression. “TikTok est un espace où des millions de personnes s’expriment, viennent partager leurs parcours réel en matière de santé mentale et trouvent une communauté de soutien, souligne un porte-parole du réseau social. La méthodologie de cette étude présente des limites évidentes, qui s’oppose à cette liberté d’expression et suggère que les personnes ne devraient pas être autorisées à partager leurs propres histoires".
"Nous travaillons activement avec des experts de l’Organisation mondiale de la Santé et du National Health Service [NHS, le système de santé publique du Royaume-Uni] afin de promouvoir des informations fiables sur notre plateforme et de supprimer 98 % des fausses informations préjudiciables avant qu’elles ne nous soient signalées”, ajoute le porte-parole de TikTok.
La meilleure façon de traiter un problème de santé mentale reste l’analyse et le suivi d’un professionnel de santé. En France, le dispositif Mon soutien psy permet à toute personne de bénéficier de 12 séances par an avec un psychologue. Celles-ci sont plafonnées à 50 euros et remboursées à 60 % par l’Assurance maladie.