Infectiologie
Peste : la bactérie s’est adaptée pour être moins mortelle mais durer plus longtemps
La bactérie à l’origine de la peste, appelée Yersinia pestis, a évolué pour devenir moins mortelle et ainsi continuer à se transmettre parmi les humains, selon une nouvelle étude.

- Par Diane Cacciarella
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- doble-d/iStock
Comment la peste a-t-elle pu survivre à travers les siècles ? Des chercheurs viennent de comprendre la raison de cette longévité : la bactérie à l’origine de cette maladie s’adapte pour contaminer davantage.
“La bactérie de la peste a une importance particulière dans l'histoire de l'humanité, il est donc important de comprendre comment ces épidémies se sont propagées”, explique Javier Pizarro-Cerda, microbiologiste à l'Institut Pasteur et co-auteur de l'étude, dans un communiqué.
Une évolution qui rend la peste moins mortelle
Trois grandes pandémies ont touché le monde. La première date du début du Moyen Âge, dans les années 500. Appelée peste de Justinien, elle a duré environ 200 ans. La seconde fut la plus meurtrière : au milieu du XIVe siècle, la “grande peste” ou “peste noire” a tué 50 % de la population européenne, selon les historiens. Enfin, la dernière pandémie a d’abord touché la Chine dans les années 1850 et se poursuit encore aujourd'hui.
Dans une étude, publiée dans la revue Science, des scientifiques montrent que la longévité de la peste est due à, la bactérie à l’origine de la maladie. La transmission se fait généralement par piqûres de puces qui en sont porteuses mais peut aussi être interhumaine, via les gouttelettes de salives émises quand une personne malade tousse.
Pour mieux comprendre la capacité d’adaptation de Yersinia pestis, les chercheurs ont examiné des échantillons de cette bactérie datant de chaque pandémie. Ainsi, ils ont découvert qu’à chaque nouvelle épidémie, les gènes de la bactérie évoluaient pour qu’elle devienne moins virulente. Avec cette baisse de la virulence, la peste devient moins grave et mortelle, ce qui lui permet de contaminer plus longtemps et allonge la durée des pandémies.
Moins la bactérie est virulente, plus la pandémie dure
Pour confirmer cette théorie, les scientifiques ont infecté des rats avec les échantillons les plus récents de la bactérie. Résultats : moins Yersinia pestis était virulente, plus l’épidémie durait longtemps. “Ça nous permet de saisir de façon globale comment les agents pathogènes peuvent s'adapter à différentes situations, développe Javier Pizarro-Cerda. On peut finalement mieux comprendre ce qu'est la peste, et comment on peut développer des mesures pour se défendre.”
Près de 50.000 cas humains de peste ont été déclarés à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entre 1990 et 2020 par 26 pays d’Afrique, d'Asie et d'Amérique. Pour traiter la maladie, la prise d’antibiotiques est indispensable. D’après l’institut Pasteur, ceux-ci sont parfaitement efficaces s’ils sont administrés à temps.