Sommeil
Comment le café du soir empêche le cerveau de se reposer la nuit
Une étude canadienne révèle que la caféine consommée trop tard en journée perturbe le sommeil en augmentant l’activité cérébrale, même pendant la nuit.

- Par Stanislas Deve
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Prendre un café en fin de journée est-il un geste anodin ou un véritable frein à la récupération nocturne de votre cerveau ? Une nouvelle étude publiée dans la revue Communications Biology relance le débat sur les effets de la caféine, cette substance présente non seulement dans le café, mais aussi dans le thé, le chocolat, les boissons énergisantes et certains sodas.
Un cerveau trop "réveillé" sous l'effet de la caféine ?
Des chercheurs de l'Université de Montréal, au Canada, ont analysé l'activité cérébrale nocturne de 40 adultes en bonne santé, grâce à l'électro-encéphalographie (EEG) et à l'intelligence artificielle. Chaque participant a passé deux nuits d'observation : l'une après avoir ingéré de la caféine en capsule, l'autre après un placebo. "Nous avons observé que la caféine augmente la complexité des signaux cérébraux, rendant l'activité neuronale plus dynamique et moins prévisible", explique Philipp Thölke, premier auteur de l'étude, dans un communiqué. Cela est particulièrement vrai pendant le sommeil lent profond, crucial pour la mémoire et la récupération cognitive.
La caféine semble perturber les ondes lentes du sommeil (théta et alpha) au profit des ondes bêta, associées à l'éveil et à la concentration. Pour le professeur Karim Jerbi, "ces changements montrent que même endormi, le cerveau reste dans un état plus activé, donc moins réparateur". Il ajoute : "La criticalité est cet équilibre entre ordre et chaos qui permet au cerveau d'être efficace. Or, la caféine le pousse vers un niveau de criticalité trop élevé pendant la nuit ". La chercheuse Julie Carrier précise : "La caféine stimule le cerveau et le rend plus réactif. Utile en journée, cet effet devient contre-productif la nuit."
Les jeunes adultes plus vulnérables
Les résultats montrent également que les jeunes adultes (20-27 ans) sont plus sensibles aux effets de la caféine que les participants plus âgés. Cela s'expliquerait par une plus grande densité de récepteurs à l'adénosine, molécule du sommeil que la caféine bloque. "Avec l'âge, ces récepteurs diminuent, ce qui réduit l'effet stimulant de la caféine", note Julie Carrier.
Alors que la caféine est souvent considérée comme une alliée contre la fatigue, cette étude souligne la nécessité d'une consommation plus individualisée. L'équipe appelle à poursuivre les recherches pour mieux comprendre les conséquences à long terme de ces perturbations neuronales.